Affaire Estelle Mouzin: toutes ces fois où Fourniret a livré des aveux en creux

Michel Fourniret, le 29 mai 2008, arrive au tribunal de Charleville-Mézières. - Alain Julien - AFP
Michel Fourniret, le 29 mai 2008, arrive au tribunal de Charleville-Mézières. - Alain Julien - AFP

Après 17 années d'enquête, "l'ogresse" est venue à bout du silence de "l'ogre des Ardennes". Ce vendredi, Monique Olivier a affirmé à la doyenne des juges d'instruction Sabine Kheris que son ex-mari Michel Fourniret était à l'origine de la disparition d'Estelle Mouzin, cette fillette de 9 ans disparue alors qu'elle rentrait de l'école en 2003 à Guermantes (Seine-et-Marne). Selon ses dires, il l'aurait kidnappée puis emmenée à Ville-sur-Lumes (Ardennes) "pour la séquestrer" et "qu'il l'avait violée et étranglée", d'après son avocat.

En détention en 2007, il avait une première fois demandé d'être entendu par la justice sur la disparition d'Estelle Mouzin, mais l'audition n'avait abouti à aucune avancée. Après de longues années au point mort, la piste Fourniret avait été relancée en 2018, à la suite des aveux en creux dont le tueur en série a fait sa spécialité. BFMTV.com revient sur les derniers rebondissements de l'affaire.

• Mars 2018: "Je ne nie pas être impliqué"

Coup de théâtre dans l'enquête sur la disparition de la fillette en Seine-et-Marne. Lors d'un interrogatoire sur les meurtres de Marie-Angèles Domèce et Johanna Parrish, Michel Fourniret affirme à la juge d'instruction: "Je ne nie pas être impliqué dans l'affaire Estelle Mouzin." Des aveux en creux dont les familles des enfants disparus ont désormais l'habitude, mais qui sont tout de même pris au sérieux par les enquêteurs.

• Juin 2019: "Il faudrait creuser"

Alors qu'elle est de nouveau interrogée sur le dossier Domece et Parrish, Monique Olivier demande à "évoquer le dossier Mouzin (...) compte tenu du temps qui passe et pour aider les familles des victimes". Un mois plus tard, et alors qu'il n'a pas été informé des propos de son ex-femme, Michel Fourniret déclare qu'"il faudrait creuser pour la trouver".

• Novembre 2019: l'alibi ne tient plus

Lors d'une nouvelle audition avec Sabine Kheris, Monique Olivier fait tomber l'alibi de son ex-mari. Elle reconnaît que le soir du 9 janvier 2003, il lui avait demandé de passer un coup de fil à son fils pour son anniversaire. Ce n'est donc pas lui qui l'a passé. Michel Fourniret était en réalité absent de leur domicile de Saart-Custine, en Belgique et il aurait donc tout à fait pu être à Guermantes lors de la disparition d'Estelle Mouzin.

Dès lors, le tueur multirécidiviste est mis en examen pour "enlèvement et séquestration suivis de mort".

• Mars 2020: "Un être qui n'est plus là par ma faute"

Lors d'une nouvelle audition devant la justice, l'"Ogre" poursuit ses déclarations alambiquées devant une photo d'Estelle Mouzin: "Il est possible que cette image m'indispose (...) et je reconnais là un être qui n'est plus là par ma faute", reconnait-il à la juge d'instruction.

"L'enlèvement d'un être, c'est une sacré boulette et vous n'en êtes pas fier. (...) Je dirais qu'elle n'était pas seule mais qu'elle devait être avec une ou plusieurs copines", ajoute-t-il.

Michel Fourniret, qui souffre de problèmes de mémoire, n'a pas dévoilé l'endroit où il aurait caché le corps de la fillette. De nouvelles fouilles, effectuées en juin pendant quatre jours, dans une maison ayant appartenu à sa sœur à Ville-sur-Lumes, ainsi que dans son ancien château du Sautou, n'ont pas permis de retrouver le cadavre.

Article original publié sur BFMTV.com