Affaire Epstein : ce que la liste dévoilée par la justice américaine nous apprend (ou pas)

Jeffrey Epstein, mort en 2019, est accusé d’avoir agressé sexuellement et violé des dizaines de jeunes filles.
STEPHANIE KEITH / Getty Images via AFP Jeffrey Epstein, mort en 2019, est accusé d’avoir agressé sexuellement et violé des dizaines de jeunes filles.

INTERNATIONAL - Les spéculations allaient bon train depuis plusieurs jours. Mais ceux qui souhaitaient voir les têtes tomber avec la publication de documents sur l’affaire Epstein ce mercredi 3 janvier risquent de rester sur leur faim. Si les noms de personnalités liées à l’homme d’affaires et criminel sexuel américain ont bien été dévoilés, il ne faut toutefois pas s’attendre à des révélations tonitruantes.

Jeffrey Epstein : ce que l’on sait de la « liste Epstein », que la justice américaine veut rendre publique

Ces documents, qui représentent près de 1 000 pages, ont été publiés dans la nuit de mercredi à jeudi et étaient attendus depuis l’ordonnance du 18 décembre de la juge new-yorkaise Loretta Preska. Ils révèlent l’identité d’environ 180 noms référencés jusqu’à présent comme « Jane » ou « John Doe », les noms utilisés par les autorités judiciaires américaines pour anonymiser les personnes citées dans une affaire. Parmi eux : l’ex-président américain Bill Clinton, le prince Andrew ou Donald Trump.

Le nom du premier apparaît plusieurs dizaines de fois. Mais comme l’ont constaté le New York Times ou encore Skynews, qui ont lu tous les documents, il n’est à aucun moment fait état d’un comportement répréhensible de sa part. Dans une déclaration sous serment, Johanna Sjoberg, une accusatrice de Jeffrey Epstein, a néanmoins déclaré que l’homme d’affaires décédé en 2019 lui aurait dit que Bill Clinton « les aime jeunes, en faisant référence aux filles ».

Clinton et Trump auraient coupé les ponts

Photographié avec Epstein et la maîtresse de ce dernier Ghislaine Maxwell, Bill Clinton a admis par le passé via ses représentants qu’il avait eu des liens avec le couple dans le cadre d’activités philanthropiques. Toutefois, il aurait coupé tout contact avec Epstein à partir de 2005.

Johanna Sjoberg ajoute qu’un jour où elle voyageait avec Jeffrey Esptein dans l’un de ses avions, ce dernier aurait fait un arrêt à Atlantic City, dans le New Jersey. « Super, on va appeler Trump », aurait-il déclaré. Johanna Sjoberg précise qu’il voulait aller rendre visite à celui qui est devenu, des années plus tard, président des États-Unis dans son casino. Aucune infraction quelconque n’est imputée à Trump.

Au New York Times, Donald Trump, aujourd’hui à nouveau candidat à la présidentielle américaine pour 2024, a déclaré qu’il s’était « brouillé » avec son ancien ami Jeffrey Epstein il y a plusieurs années et qu’il n’était « pas fan » du personnage.

Quant au prince Andrew, la même accusatrice affirme qu’il lui a touché un sein lors de leur première rencontre. Accusation grave pour le deuxième fils de la reine Elizabeth, déjà impliqué dans un scandale sexuel en lien avec Epstein. D’ailleurs, il a scellé en février 2022 un accord à l’amiable avec Virginia Giuffre, principale accusatrice d’Epstein, qui accusait le prince de l’avoir agressée sexuellement en 2001. Il conteste toutefois les faits qui lui sont reprochés.

Fake news sur Stephen Hawking

En fait, résume le New York Times, ces documents révèlent un peu plus l’ampleur des crimes commis par Jeffrey Epstein, retrouvé mort en prison en 2019 alors qu’il était accusé d’avoir agressé sexuellement et violé des dizaines de jeunes filles. Ils ne révèlent en revanche rien de nouveau par rapport à ce qui était déjà connu. Les noms de Bill Clinton, Donald Trump ou du prince Andrew avaient déjà été rendus publics dans le cadre de cette affaire, sans qu’aucune poursuite ne soit retenue pour les deux premiers.

Contrairement à ce qu’ont pu faire croire des théories complotistes sur les réseaux sociaux, les noms qui émergent ne sont pas ceux de ses complices, mais d’associés, témoins ou victimes du couple Epstein-Maxwell. Cela ne veut pas dire qu’ils sont impliqués aux crimes de l’homme d’affaires et Ghislaine Maxwell, sa complice condamnée à 20 ans de prison en 2022.

Ainsi, comme le note le journaliste de 20 Minutes Philippe Berry pour répondre aux fake news diffusées sur les réseaux sociaux : non, le scientifique Stephen Hawking n’a pas participé à une orgie avec des mineures sur l’île de Jeffrey Epstein. Au contraire, le document publié est un e-mail dans lequel ce dernier dément cette information. Steven Hawking a certes été sur cette île, mais dans le cadre d’un colloque de scientifique. Information connue depuis 2015.

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