Affaire Abad: un gouvernement paralysé par le scandale?

Damien Abad - AFP
Damien Abad - AFP

Ce vendredi, Élisabeth Borne a réuni ses ministres pour leur donner des "feuilles de route", avant de s'exprimer publiquement sur le pouvoir d'achat. Sur place, pas de caméras des chaînes de télévision, mais un unique appareil pour retranscrire les événements. La pratique n'est pas nouvelle. Mais, ajoutée à d'autres éléments, elle interpelle: les journalistes n'ont pu, ni entrer dans la cours de Matignon pour suivre l'arrivée et la sortie des nouveaux membres du gouvernement, ni assister à la déclaration de la Première ministre qui s'en est suivie.

Une communication qui semble d'autant plus verrouillée que le président Emmanuel Macron se fait rare. Pour ce week-end de l'Ascension, il est dans la résidence présidentielle de Brégançon (Var), loin de l'Élysée. Son dernier déplacement remonte au 10 mai dernier, lorsqu'il s'était rendu à Berlin pour y rencontrer le chancelier allemand Olaf Scholz. Quant aux ministres, ils sont dans une période de réserve depuis le début de la semaine, en raison des élections législatives des 12 et 19 juin.

Pas beaucoup de monde pour commenter l'actualité donc du côté du gouvernement. Pourtant, un homme concentre les critiques de l'opposition et suscite des interrogations: Damien Abad, ancien chef de file des Républicains à l'Assemblée et nouveau ministre des Solidarités. Samedi dernier, Mediapart a révélé qu'il était accusé par deux femmes de viol.

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Elles ont pris langue avec l'Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique qui s'est ensuite chargée de transmettre le signalement au parquet de Paris vendredi dernier. Une de ces deux femmes avait déjà porté plainte en 2017, avant que sa procédure soit classée sans suite. Pour la deuxième personne, le parquet a refusé ce mercredi d'ouvrir une enquête, en "l'état", "faute d'éléments permettant d'identifier la victime des faits dénoncés".

Plus tôt dans la semaine, Olivia Grégoire, porte-parole du gouvernement, avait estimé que "l'établissement de la vérité, c'est à la justice de le faire". Tout en prônant la "tolérance zéro", vis-à-vis des victimes de violences sexuelles, ainsi que le "respect" et l'"écoute totale" des victimes.

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Un jeu d'équilibriste compliqué tant la séquence de ce vendredi matin donne l'image d'un gouvernement paralysé par cette affaire, alors qu'il vient tout juste d'être mis sur pieds, un mois après l'élection d'Emmanuel Macron. Pour se justifier, la macronie se dit "au travail".

"Ce gouvernement a été nommé il y a huit jours, il est au travail. J'appelle des ministres qui ne sont pas aux abonnés absents mais qui répondent immédiatement", a avancé sur BFMTV François Patriat, chef de file LaREM au Sénat.

Le Sénateur de la Côte-d'Or, met ainsi en avant le "plan pouvoir d'achat", du gouvernement, comprenant notamment un chèque alimentaire, un bouclier tarifaire, le blocage de certains prix et le triplement de la prime Macron, comme l'a expliqué Olivia Grégoire mardi dernier. Dans la lignée de ses propos, Élisabeth Borne a déclaré ce vendredi que les lois sur le pouvoir d'achat "seront les premiers textes du quinquennat".

Reste que cette proposition de loi ne sera pas examinée par l'Assemblée nationale avant le résultat des élections législatives. Et que la sensation d'un début de second quinquennat d'Emmanuel Macron en apesanteur perdure.

Article original publié sur BFMTV.com