Une adolescente de 17 ans s'échappe d'un réseau de prostitution, sa mère raconte son "enfer"
"Il y avait des barreaux et des gens qui surveillaient", raconte Jocelyne. Pendant 23 jours, cette mère aveyronnaise n'a plus eu de nouvelles de sa fille de 17 ans, Anissa, retenue dans un appartement de Bruxelles par un réseau de prostitution. Elle raconte à La Dépêche du midi la lente descente aux enfers de son aînée dans la drogue et son calvaire belge.
"Maman, ne t'inquiète pas, je rentrerai demain"
Le 25 juin, Jocelyne dépose Anissa à Rodez (Aveyron), où elle doit rejoindre des amis. La mère doit venir chercher sa fille dans la nuit, mais reçoit un message au cours de la soirée: "Maman, ne t'inquiète pas, je rentrerai demain". Le lendemain, Anissa ne rentre pas.
Au cours des mois précédents, l'adolescente était devenue accro à la cocaïne, après une rencontre avec une autre jeune fille sur les réseaux sociaux. La jeune aveyronnaise s'était confiée sur son sentiment d'avoir été abandonnée par son père, parti à l'étranger pour ne jamais revenir il y a quatre ans.
Au fil des conversations et des rencontres, Anissa se voit proposer des drogues par sa nouvelle amie. Le piège de la dépendance se referme sur la jeune fille. Les trafiquants lui font intégrer un réseau de prostitution, la forçant à vendre son corps pour payer ses doses. Ils cassent son téléphone pour l'éloigner de sa famille et la retiennent dans un appartement bruxellois.
Fuite en stop
Le 18 juillet, elle parvient à fuir en prétextant de récupérer une nouvelle dose de drogue que lui envoyaient ses geôliers. Elle arrive à rejoindre Paris en stop, se réfugie dans un café où elle demande de l'aide, parvient à joindre son frère et finit par retrouver sa mère dans le Tarn.
"J'ai vécu un véritable enfer", partage la jeune fille.
"Anissa était fragile durant cette période et ses fréquentations malveillantes ont fini par la perdre. (...) Elle a vu des jeunes filles comme elle, en totale perdition, se faire tabasser. Une adolescente s'est même suicidée", regrette sa mère.
Pas d'aide des forces de l'ordre
Jocelyne déplore aussi que pendant ces trois semaines d'angoisse, la police et la gendarmerie n'ont pas jugé nécessaire de lancer un dispositif spécifique (appel à témoin ou avis de recherche par exemple), malgré ses signalements de la "disparition inquiétante" de sa fille.
"J'avais la conviction qu'elle était en danger et sous l'emprise de personnes malveillantes, mais personne n'a voulu m'entendre, ni les services d'enquête, ni la justice. On me rétorquait qu'elle avait choisi de partir, qu'elle allait revenir", relate-t-elle.
Aujourd'hui en sécurité, Anissa poursuit un sevrage entamé lorsqu'elle est rentrée chez elle. Selon la présidente de l'association toulousaine Nos Ados Oubliés, qui se bat contre la prostitution des mineurs, au moins une quinzaine de cas similaires ont eu lieu en France.
Article original publié sur BFMTV.com
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