Adèle Haenel se retire du cinéma pour des raisons politiques, elle s’en explique

Dans une tribune publiée sur le site de « Télérama », l’actrice française prend la parole pour « dénoncer la complaisance généralisée du métier vis-à-vis des agresseurs sexuels ».

Vous ne reverrez pas Adèle Haenel de sitôt au cinéma. Ce mardi 9 mai, l’actrice française, aperçue à plusieurs reprises lors des dernières mobilisations contre la réforme des retraites, explique dans une tribune publiée sur le site de Télérama les raisons qui l’ont poussée à claquer la porte du septième art français.

« J’ai décidé de politiser mon arrêt du cinéma pour dénoncer la complaisance généralisée du métier vis-à-vis des agresseurs sexuels, et plus généralement, la manière dont ce milieu collabore avec l’ordre mortifère écocide raciste du monde tel qu’il est », fustige Adèle Haenel.

Depuis Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma, la comédienne n’est plus réapparue sur grand écran. Alors qu’elle a signé en 2020 un contrat avec l’une des plus grosses agences américaines - la même qui représente Scarlett Johansson et George Clooney - et été invitée à rejoindre l’Académie des Oscars, c’est surtout sur les planches qu’Adèle Haenel a été vue. Elle travaille depuis plusieurs années avec la metteuse en scène et chorégraphe Gisèle Vienne.

Son départ des César en 2020, après le sacre de Roman Polanski, a été un tournant. Conspuée par une partie du cinéma français, comme l’acteur Lambert Wilson ou un directeur de casting du nom d’Olivier Carbone, Adèle Haenel avait déjà, dans le courant du mois de février 2022, indiqué au quotidien Il Manifesto ne plus vouloir travailler « avec des réalisateurs établis, mais seulement avec de nouveaux artistes qui débutent ».

« De la cancel culture au sens premier »

Ses dernières collaborations, dont un projet amputé avec Bruno Dumont (P’tit Quinquin, Ma Loute), ne lui ont pas plus. En cause, des rôles stéréotypés, selon Télérama. « Adèle n’a pas été blacklistée, mais les propositions n’étaient plus intéressantes. Elle ne se voyait pas continuer à faire ce métier dans ces conditions-là, ça demandait trop de renoncements », indique à l’hebdomadaire son ancienne agente Élizabeth Simpson.

Dans sa tribune, à lire en intégralité par ici, l’actrice pense qu’il est urgent de « vocaliser cette alarme ». « Mais elles et eux toustes ensemble pendant ce temps se donnent la main pour sauver la face des Depardieu, des Polanski, des Boutonnat. Ça les incommode, ça les dérange que les victimes fassent trop de bruit, ils préféraient qu’on continue à disparaître et crever en silence », continue-t-elle.

Avant de conclure : « Face au monopole de la parole et des finances de la bourgeoisie, je n’ai pas d’autres armes que mon corps et mon intégrité. De la cancel culture au sens premier : vous avez l’argent, la force et toute la gloire, vous vous en gargarisez, mais vous ne m’aurez pas comme spectatrice. Je vous annule de mon monde. »

Celle qui a dénoncé chez Mediapart le harcèlement sexuel et les attouchements qu’elle dit avoir subis du réalisateur Christophe Ruggia n’a pas pour autant disparu de la sphère publique. Au milieu des grévistes de la raffinerie de Gonfreville-l’Orcher, en Normandie, ou lors d’un meeting féministe et antiraciste à l’université Paris 8, Adèle Haenel multiplie les actions politiques et les prises de position contre le gouvernement, le capitalisme et le sexisme. Elle était de celles et ceux qui, en janvier dernier dans une tribune dans le magazine Politis, ont appelé à se mobiliser contre la réforme des retraites.

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