“Acharnés” sur Netflix, dissection réussie de l’obsession et de la colère

On ne peut pas exactement parler d’accident de la route pour décrire la rencontre d’Amy Lau (Ali Wong) et Danniel Cho (Steven Yeun). Très précisément, ils manquent de peu de se percuter sur le parking d’un grand magasin de bricolage dans la région de Los Angeles. The Boston Globe résume la suite de la scène, point de départ de la série Acharnés, sortie sur Netflix le 6 avril. “Elle appuie sur le klaxon quelques secondes de trop et lui fait un doigt d’honneur en partant. Furieux, il se lance à sa poursuite au milieu de la circulation avec son pick-up, et après quelques manœuvres dangereuses finit par noter le numéro de sa plaque d’immatriculation pour pouvoir la retrouver et ourdir sa vengeance.” À compter de ce moment, les deux protagonistes vont tout faire pour s’immiscer dans la vie l’un de l’autre afin de la pourrir.

La production des studios A24 est applaudie par toute la presse américaine. Cette “comédie noire sur une crise de rage sur la route qui ne peut que finir par dérailler” paraît particulièrement dans l’air du temps, estime The New York Times, mais ses qualités vont bien au-delà. “Ce qui fait de cette nouvelle série l’une des plus revigorantes, surprenantes et pertinentes de l’année, c’est qu’elle présente une étude de la colère très personnelle et propre à une culture. Tous les gens malheureux qu’on y trouve sont malheureux de façon différente et fascinante.”

L’ire à voix haute

Acharnés est porté par un duo d’acteurs qui sortent le grand jeu, et rendent parfaitement l’alchimie entre les deux protagonistes. Pour le quotidien de New York, l’intrigue relève d’“une histoire d’amour, sauf que c’est de la haine”. Qui plus est l’accrochage et la course-poursuite de départ sont inspirés d’une anecdote vécue par le créateur de la série, Lee Sung Jin, comme il le raconte à USA Today. Pour lui, la colère est “le cheval de Troie pour explorer ce vide existentiel qui se trouve en beaucoup d’entre nous et en moi. J’ai toujours du mal à gérer ce sentiment de creux.”

Lorsque les routes d’Amy et de Danny se croisent, ils sont tous les deux déjà au bord de l’explosion, précise The Hollywood Reporter. Côté Amy, “une femme d’affaires indépendante avec un charmant mari, George (Joseph Lee), et une petite fille adorable, Junie (Remy Holt)”, il s’agit de maintenir un sourire de façade. Et de faire face à la condescendance permanente d’une potentielle partenaire d’affaires (Maria Bello) et de sa belle-mère (Patti Yasutake). “Quant à Danny, le propriétaire d’une boîte de sous-traitance en difficulté, il passe son temps à assurer à son frère/colocataire Paul (Young Mazino) et à leurs parents restés en Corée que tout est sous contrôle alors qu’il en est réduit à mendier des prêts à son cousin Isaac (David Choe), qui vient de sortir de prison.”

[...] Lire la suite sur Courrier international

Sur le même sujet :