Accusée de "pratiques sectaires", l'influenceuse Ophenya porte plainte contre le député Arthur Delaporte

Accusée de "pratiques sectaires", l'influenceuse Ophenya riposte. La tiktokeuse a déposé plainte pour diffamation contre le député socialiste Arthur Delaporte. Celui-ci, porte-parole du groupe PS à l'Assemblée nationale, l'a citée le 9 avril lors de l'examen du projet de loi visant à renforcer la lutte contre les dérives sectaires.

Le député, qui a porté en 2023, avec Stéphane Vojetta, la loi qui encadre les influenceurs, dénonçait les "nombreux" exemples de "pratiques sectaires sur les réseaux sociaux". Il a alors mentionné le cas d'Ophenya (4,9 millions d'abonnés sur TikTok, 735.000 sur Instagram...).

Un "cocktail explosif"

"On me signale régulièrement l'emprise qu'elle peut avoir sur sa communauté très jeune. Des collégiennes, des collégiens, des femmes, des 'Bgnyas' qui peuvent avoir des comportements dévastateurs pour l'estime et la confiance de soi", a déclaré le député du Calvados. Les "Bgnyas", le nom donné aux membres de la communauté d'Ophenya, contraction de "bg", pour "beaux gosses", et du pseudo de l'influenceuse.

"Dons de cadeaux sur TikTok, présence compulsive sur les réseaux sociaux de l'influenceuse à des amplitudes horaires très larges, du petit-déjeuner au soir, sentiment d'appartenance exacerbé, comportement de meute envers les fans qui quitteraient la communauté... Bref, un cocktail explosif", a énuméré Arthur Delaporte.

Un "préjudice financier énorme"

La plainte d'Ophenya, révélée par Europe 1 et que BFMTV.com a pu consulter, affirme que le député "se base sur des éléments non-concrets et sur des 'fakenews'". L'influenceuse juge que "ces diffamations" ont un impact sur sa vie personnelle, mais aussi professionnelle, car certaines marques refusent en conséquence d'effectuer des partenariats avec elle, ce qui représente "un préjudice financier énorme".

Ophenya a déjà été au cœur d'une polémique en novembre, après avoir fait la promotion de Crush, une application de mise en relation de personnes âgées de 10 à 21 ans. Beaucoup avaient alors souligné le risque de mettre en lien facilement des pédocriminels et des personnes mineures.

La créatrice avait défendu un "outil de lutte contre l'exclusion scolaire" et demandé au créateur de l'application d'apporter "toutes les modifications permettant d'éluder" ses risques.

Sa plainte contre Arthur Delaporte risque toutefois se heurter à l'immunité parlementaire dont bénéficie l'élu, comme tous les députés. Selon l'article 26 de la Constitution, "aucun membre du Parlement ne peut être poursuivi, recherché, arrêté, détenu ou jugé à l'occasion des opinions ou votes émis par lui dans l'exercice de ses fonctions".

La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre des dérives sectaires (Miviludes) indiquait le 12 avril à BFMTV.com avoir reçu des signalements concernant Ophenya, qui étaient en cours de traitement.

Article original publié sur BFMTV.com