Publicité

Accord entre riverains sur le statut de la mer Caspienne

L'Iran et quatre ex-républiques soviétiques, dont la Russie, se sont entendus dimanche au Kazakhstan sur le principe du partage des ressources gazières et pétrolières de la mer Caspienne. /Photo d'archives/REUTERS/Grigory Dukor

AKTAU, Kazakhstan (Reuters) - L'Iran et quatre ex-républiques soviétiques, dont la Russie, se sont entendus dimanche au Kazakhstan sur le principe du partage des ressources gazières et pétrolières de la mer Caspienne, ce qui pourrait théoriquement permettre de relancer des projets d'exploration et de gazoducs dans la région.

La question de la délimitation des frontières - à l'origine de la plupart des conflits territoriaux - n'a cependant pas été tranchée et nécessitera des accords supplémentaires entre riverains, a déclaré le président iranien Hassan Rohani.

Les cinq pays riverains de la mer Caspienne (Iran, Russie, Kazakhstan, Turkménistan et Azerbaïdjan) se disputent depuis près de trois décennies le partage de la plus grande mer fermée au monde.

Si certains projets offshore ont été développés, comme celui de Kashagan au large de la côte du Kazakhstan, d'autres sont suspendus à un accord entre pays concernés. L'un d'eux est un projet de gazoduc reliant le Turkménistan à l'Azerbaïdjan et, au-delà, à l'Europe, qui pourrait offrir aux Européens une alternative aux livraisons de gaz naturel russe.

Le statut de la mer Caspienne est contesté depuis la chute de l'Union soviétique, qui avait une frontière clairement définie avec l'Iran.

Téhéran a proposé lors des négociations de découper la mer en cinq parts égales ou d'exploiter en commun ses ressources, mais ces propositions n'ont pas obtenu les faveurs des quatre autres pays concernés. Trois d'entre eux (Russie, Kazakhstan et Azerbaïdjan) se sont de fait partagé le nord de la Caspienne.

MOSCOU DÉFEND SES PARTS DE MARCHÉ

L'un des principaux conflits oppose l'Azerbaïdjan à l'Iran et au Turkménistan pour la propriété de plusieurs gisements de gaz et de pétrole, dont celui de Kapaz/Serdar d'une capacité estimée à 620 millions de barils.

Les cinq pays ont salué dimanche un accord de principe "historique" mais ils sont restés muets sur le partage effectif des ressources fossiles. Hassan Rohani s'est contenté de dire que le tracé des frontières ferait l'objet de négociations et d'accords séparés sur la base de l'arrangement conclu dimanche.

Dans l'immédiat, les experts estiment donc que l'impact de cet accord sur le secteur de l'énergie devrait être limité, d'autant que les riverains ont des intérêts contradictoires.

Ainsi la Russie, qui n'a pas de conflits territoriaux dans la région, est-elle vivement opposée au projet de gazoduc entre le Turkménistan et l'Azerbaïdjan pour défendre ses parts de marché en Europe - même si elle invoque pour s'y opposer des "inquiétudes environnementales".

Rien n'indique que l'accord conclu dimanche permettra de lever tous les obstacles auxquels se heurte ce projet, quand bien même le président kazakh Noursoultan Nazarbaïev a assuré qu'il permettait la construction de gazoducs ou d'oléoducs tant que certains critères environnementaux sont respectés.

(Olzhas Auyezov; Tangi Salaün pour le service français)