Accident de Pierre Palmade: qu'est-ce que la 3-MMC, cette drogue de synthèse consommée par l'acteur?

L'acteur Pierre Palmade, testé positif à la cocaïne avant de prendre le volant vendredi 10 février et d'être impliqué dans un grave accident de la route, a évoqué publiquement son addiction à cette drogue depuis des années.

Le comédien de 54 ans a également évoqué sa consommation régulière de drogues de synthèse dont la 3-MMC lors d'une audition à la police dans le cadre d'une précédente affaire, comme révélé samedi par le JDD. Cette drogue de synthèse au succès grandissant est souvent utilisée comme substitut à la cocaïne.

Peu chère et disponible facilement sur Internet

La 3-méthylméthcathinone, dite 3-MMC, est une drogue de synthèse faisant partie de la famille des cathinones. Elle se consomme sous forme de poudre, de cristaux ou de comprimés.

Cette substance est facilement accessible pour les consommateurs. Ils peuvent s'en procurer en quelques clics sur des sites spécialisés et certaines messageries privées et se faire livrer à domicile.

Son coût, bien inférieur à celui de la cocaïne, en fait un produit particulièrement attractif. Test effectué par l'un de nos journalistes, on peut se procurer 1 gramme de 3-MMC moyennant 15,50 euros sur l'une de ces plateformes, tandis que la cocaïne se vend pour 70 à 80 euros par gramme, selon un rapport de l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT).

Un "phénomène marquant" en pleine explosion

Connue depuis les années 2010, la 3-MMC connaît un succès grandissant depuis 2020, année du confinement lié à l'épidémie de Covid-19. Cette tendance devient si prégnante que l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) tire la sonnette d'alarme en 2022 et évoque un "phénomène marquant" dans un rapport. Une tendance visible au-delà de nos frontière, puisque l'OEDT liste pour sa part cette drogue parmi des substances qui "suscitent des inquiétudes en Europe".

3,3 tonnes de cathinones de synthèse ont été saisies dans l'Union européenne en 2020, selon un rapport de l'OFDT paru en 2022. Un chiffre en explosion, puisqu'il ne s'élevait qu'à 750 kg seulement un an avant.

"On en trouve partout en France aujourd'hui, même dans les formes graves de dépendance", confirme auprès de BFMTV Philippe Batel, addictologue et psychiatre, chef du pôle addiction de Charente.

Proche de la cocaïne

Parfois présentée comme la nouvelle cocaïne, la 3-MMC a des effets similaires. "Ça peut donner un sentiment d'euphorie, de bien-être. (...) Ça va donner aussi une impression d'être tout puissant et ça peut engendrer des hallucinations", décrit à BFMTV Marion Zami, addictologue.

Ce produit, issu de la plante de khat, selon le site Drogues Info Service, a cependant souvent des effets plus délétères. "Ces produits de synthèse vont essayer de mimer, tout en étant plus puissants, la drogue de base (...) et donc (vont être) beaucoup plus addictogènes", met en garde Nicolas Simon, médecin addictologue du CHU de Marseille, dans les Bouches-du-Rhône, sur BFMTV.

"Ses effets secondaires amènent des complications qui peuvent être pires que la cocaïne. Elle peut toucher tous les organes, provoquer des AVC, des convulsions, des infractus", énumère Elsa Laurent, psychologue et addictologue auprès de BFMTV.

Une drogue plus difficile à détecter sur les routes

Si les tests salivaires ont prouvé leur efficacité sur certaines drogues comme le cannabis, les amphétamines ou encore la cocaïne, le sujet est plus complexe pour la 3-MMC.

Cette dernière ne peut être repérée que via une prise de sang, ce qui ne permet pas d'effectuer des vérifications à grande échelle sur les routes. Difficile donc pour les agents chargés de la sécurité routière de prévenir les accidents causés par ce type de substance.

Par ailleurs, les drogues de synthèse, dont fait partie la 3-MMC, ne sont pas clairement encadrées par la loi. "Les producteurs de ces drogues, généralement localisés en Chine ou en Inde, font évoluer constamment les structures moléculaires des NPS afin de contourner la législation sur les stupéfiants", explique la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives dans un rapport sur les "Nouveaux produits de synthèse" paru en 2022. "Le cadre juridique et réglementaire de ces psychotropes n’en permet pas un contrôle total, déplore le rapport.

Article original publié sur BFMTV.com