Accident mortel en Ariège sur un barrage d’agriculteurs : ce que l’on sait de ce drame qui a tué une mère de famille
AGRICULTURE - Le drame endeuille la mobilisation entamée la semaine dernière. Une agricultrice a été tuée ce mardi 23 janvier, à l’aube, par un véhicule qui a foncé sur un barrage routier dressé par les syndicats agricoles manifestant dans l’Ariège. Son mari et sa fille adolescente, qui étaient à ses côtés lors de l’accident, ont également été gravement blessés.
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« Choqués », les autres agriculteurs présents sur place « sont en train de lever le dispositif », a indiqué la préfecture de l’Ariège lors d’un point presse en fin de matinée, « avant de réfléchir aux suites qu’ils donnent » au mouvement, « notamment pour marquer le deuil ».
Le HuffPost fait le point sur tout ce que l’on sait de ce drame.
• Que s’est-il passé ?
L’accident a eu lieu « à 5 h 45, en pleine nuit » ce mardi matin, selon le préfet de l’Ariège Simon Bertoux. Il est survenu « sur la nationale 20, à Pamiers, à hauteur du pont de la route départementale 119 », précise de son côté le parquet de Foix.
Une voiture, « arrivant de Toulouse et se dirigeant vers l’Andorre (...) a emprunté la route nationale 20 malgré le dispositif mis en place pour en interdire l’accès ». Elle a alors « percuté (...) un mur de bottes de paille, érigé sur toute la hauteur jusqu’au pont (...), recouvert d’une grande bâche noire ».
Or « un grand barnum » avait été installé derrière ce mur de paille, pour la restauration des manifestants. C’est là que se trouvaient les victimes, percutées par la voiture qui a « fini sa course contre la remorque d’un tracteur ».
• Qui sont les victimes ?
L’agricultrice, décédée sur place, était âgée de 35 ans, selon la préfecture. Elle était éleveuse de vaches limousines et productrice de maïs semence dans le village de Saint-Félix-de-Tournegat, à quelques kilomètres de Pamiers, a confié à l’AFP l’un de ses amis, Jérôme Bayle. Ce dernier, figure de la mobilisation, est installé sur un autre barrage agricole, qui bloque l’A64 Toulouse-Bayonne depuis jeudi soir.
Le mari et la fille de la victime « très gravement blessés », ont été transportés à l’hôpital, a précisé le préfet.
Les secours sont rapidement intervenus et ont également porté assistance à d’autres personnes présentes sur place, « pour leur apporter du réconfort » et un « soutien psychologique très fort », indique la préfecture. Lundi, 180 manifestants étaient présents sur le barrage, ainsi que 135 tracteurs, restés pendant la nuit.
• Où en est l’enquête ?
Trois personnes étaient présentes à bord du véhicule, un couple et une de leurs amies. Toutes trois de nationalité arménienne selon la préfecture, elles ont été interpellées et placées en garde à vue, a précisé une source policière à l’AFP. Deux d’entre elles ont été légèrement blessées.
Pour l’heure, il n’est pas établi si la voiture a foncé délibérément sur le barrage des manifestants ou si une autre circonstance est à l’origine du drame. Les personnes présentes dans le véhicule n’étaient « sous l’emprise ni de l’alcool, ni de stupéfiants, et sont inconnues de la justice », a indiqué la préfecture.
« Le dispositif des agriculteurs était parfaitement conforme à ce qui était préconisé, c’était une manifestation déclarée en préfecture, et tout avait été mis en place pour garantir la sécurité des personnes », a assuré le préfet de l’Ariège Simon Bertoux. Des « plots », des « chicanes », des « glissières en béton » avaient été installés, et la « signalétique visuelle » était donc « très explicite », a-t-il insisté. « On y voyait très très bien, il n’y avait aucun doute sur le fait que la voie était fermée ».
Dans son communiqué, le parquet précise toutefois que l’accident a eu lieu « sans éclairage public à proximité ».
Une enquête, confiée au commissariat de Pamiers, a été ouverte en flagrance des chefs d’homicide involontaire aggravé et de blessures aggravées.
• Quelles sont les réactions ?
« Dans le moment particulier que vit l’agriculture, ce genre de drame est difficile à vivre », a déclaré sur RMC le président de la FNSEA Arnaud Rousseau. Il « vient souligner la nécessité qu’on a d’être parfaitement organisé, de faire en sorte de respecter les consignes de sécurité, parce que ce qui est important pour nous est de faire passer nos messages », a-t-il aussi déclaré en appelant « tout le monde au calme et à la raison et à faire en sorte que cette colère s’exprime dans le respect des biens et des personnes ».
⚫ Un accident de la route s'est produit dans l'Ariège au niveau d'un point de blocage. Une femme est décédée. 3 adhérents de la FNSEA ont été touchés.
🎙️ "Ce genre de drame est difficile à vivre", déplore Arnaud Rousseau, président de la FNSEA.#ApollineMatin pic.twitter.com/4uS4CMsfZK— RMC (@RMCInfo) January 23, 2024
Le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a présenté ses « condoléances très émues » à la famille de l’agricultrice « et à ses collègues de l’Ariège ». « C’est un drame pour nous tous », a ajouté le ministre qui doit se rendre sur place dans la journée.
Dans le cadre d’une action syndicale pour défendre sa profession et exprimer ses attentes, une jeune agricultrice est décédée tôt ce matin en Ariège.
Je pense à elle, je pense à son conjoint et à sa fille qui luttent encore pour leur vie.
C’est un drame pour nous tous.…— Marc Fesneau (@MFesneau) January 23, 2024
« Être agriculteur, c’est travailler sans relâche. C’est travailler pour nous, pour les Français. Nous sommes et resterons à leurs côtés », a écrit sur X (ex-Twitter) le Premier ministre Gabriel Attal.
Ce matin, en Ariège, une agricultrice est morte, percutée par une voiture. Deux membres de sa famille ont été gravement blessés.
Aujourd’hui, tous nos agriculteurs sont en deuil. Notre Nation est bouleversée et solidaire.
Au nom du Gouvernement, je veux dire ma peine et…— Gabriel Attal (@GabrielAttal) January 23, 2024
À l’Assemblée nationale, le patron des députés communistes André Chassaigne a demandé une minute de silence cet après-midi en hommage aux victimes.
Emmanuel Macron a publié sur X successivement deux tweets. Dans le premier, il évoque en parlant de l’accident d’un « drame » qui « nous bouleverse tous ». Dans le second, il s’adresse directement aux agriculteurs : « j’ai demandé au gouvernement d’être pleinement mobilisé pour apporter des solutions concrètes aux difficultés que vous rencontrez ».
Le drame de Pamiers nous bouleverse tous. Je pense avec émotion aux victimes et à leurs proches endeuillés.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) January 23, 2024
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