Accident ferroviaire en Grèce : arrestation, sécurité… Ce que l’on sait du drame

GRÈCE - C’est le plus grave accident de train de toute l’histoire de la Grèce. Dans la nuit du mardi 28 février au mercredi 1er mars, deux trains sont entrés frontalement en collision non loin de Larissa, dans le centre du pays. Le premier transportait des marchandises, le second des voyageurs qui faisaient le trajet entre Athènes et Thessalonique. À la mi-journée, le bilan faisait état d’au moins 38 morts et 85 blessés.

Le Premier ministre, Kyriakos Mitsotakis, qui est allé sur place en milieu de journée et a décrété un deuil national de trois jours, a promis que toute la lumière serait faite sur les circonstances de cet accident. « Une chose que je peux garantir, c’est que nous trouverons la cause de cette tragédie », a-t-il promis.

La sécurité et la privatisation du réseau ferré grec en question

Si pour l’heure, les circonstances exactes de l’accident restent à éclaircir, « tout montre que le drame est dû, malheureusement, principalement à une tragique erreur humaine », a dit le chef du gouvernement, Kyriakos Mitsotakis, sans donner plus d’informations.

Très rapidement des questions ont émergé sur la sécurité des trains en Grèce. Sur place, le président du syndicat des conducteurs de train OSE, Kostas Genidounias a dénoncé le manque de sécurité. « Toute (la signalisation) est faite manuellement. C’est depuis l’an 2000 que les systèmes ne fonctionnent pas », s’est-il emporté sur la chaîne de télévision Ert. Auparavant il avait également assuré à l’AFP qu’« aucun système de sécurité, télécommande et feu de circulation ne fonctionne ».

Selon les données de l’ERA (l’agence de l’Union européenne pour les chemins de fer) la Grèce et l’Estonie étaient en 2020 les deux pays avec le plus d’accidents significatifs aux passages à niveau par millions de train.km (une unité de mesure qui combine le nombre de trains et la distance du déplacement). Idem en matière de décès : la Grèce est encore en tête cette même année si l’on se penche sur le nombre décès lié à un accident de train par million de train.km.

La Grèce est aussi le seul pays de l’UE qui n’a pas installé de système TPS, considéré comme le dispositif le plus efficace pour réduire le risque de collisions entre les trains. À l’inverse, ce sont quasiment 100 % des voies allemandes qui en sont équipées.

Le réseau ferré grec
Le réseau ferré grec

Contacté par l’AFP, le groupe public italien Ferrovie di Stato (FS), qui contrôle la société des chemins de fer Hellenic Train n’a pas fait de commentaires dans l’immédiat. Il s’agit du 3e plus gros groupe ferroviaire européen.

Le réseau ferroviaire est traditionnellement peu développé et obsolète, les Grecs bénéficiant principalement d’un maillage dense de liaisons par autocars. En 2017, la société des chemins de fer grecs (Trainose) avait été achetée par Ferrovie di Stato dans le cadre d’un vaste programme de privatisations décidé par les créanciers de la Grèce lors de la crise financière (2009-2019).

Le chef de gare arrêté…

Le chef de la gare de Larissa a été arrêté après la violente collision, a-t-on appris ce mercredi de source policière. « Le chef de gare de 59 ans a été arrêté », a dit une source à l’AFP tandis que le porte-parole du gouvernement grec affirmait que les deux trains circulaient sur la même voie « depuis plusieurs kilomètres ».

Selon la BBC, il est accusé d’homicide involontaire par négligence et de lésions corporelles graves par négligence, mais nie tout acte répréhensible. Une enquête de police a été ouverte sous la houlette du procureur Stamatis Daskopolopoulos. Des premiers témoignages ont été recueillis.

... et un ministre démissionnaire

De son côté, le ministre des Transports Kostas Karamanlis a démissionné. « Quand quelque chose d’aussi tragique se produit, il est impossible de continuer et de faire comme si cela ne s’était pas produit… C’est ce qu’on appelle la responsabilité politique. […] C’est ce que je dois faire, comme une marque de respect envers la mémoire de ceux qui sont morts si injustement, et assumer la responsabilité des erreurs de l’État grec et du système politique grec au cours de l’histoire », a-t-il notamment justifié.

Des opérations de secours difficiles et des hôpitaux débordés

Le bilan de 38 morts et 85 blessés pourrait être amené à augmenter car certains voyageurs n’ont toujours pas été retrouvés. Des images montraient des wagons calcinés dans un enchevêtrement de pièces métalliques et de fenêtres brisées. D’autres wagons, moins endommagés, gisaient sur le côté. Deux grues géantes ont aussi été installées pour transporter des morceaux des carcasses des trains et quelque 500 personnes participent aux secours.

Accident ferroviaire en Grèce : arrestation, sécurité...  Ce que l’on sait sur ce drame
Accident ferroviaire en Grèce : arrestation, sécurité... Ce que l’on sait sur ce drame

La collision s’est produite à la sortie d’un petit tunnel au-dessus duquel passe une autoroute reliant Athènes à Thessalonique. Les survivants se sont retrouvés piégés dans les compartiments. « Nous avons cassé les vitres avec nos valises et sommes sortis », a raconté un jeune passager à la chaîne de télévision Skaï. Selon Vassilis Vathrakogiannis, le porte-parole des pompiers grecs, six des 85 blessés recensés dans un premier temps « sont en soins intensifs.

À Larissa, où des blessés ont été transportés, le maire, Apostolos Kalogiannis, a décrit « des flots d’ambulances amenant des brûlés, des amputés, tout ce qu’on peut imaginer »« Le travail des pompiers et des sauveteurs est très difficile, ils sont en train de rechercher (...) les corps calcinés », a quant à lui expliqué Konstantinos Giannakopoulos, le président de l’union des médecins de Larissa sur la chaîne de télévision publique ERT.

Dans les deux wagons qui ont pris feu la température a pu dépasser les 1 300 degrés, rendant quasiment impossible l’identification de certaines victimes. Des professionnels hospitaliers confiaient au Guardian que l’urgence reste notamment de trouver des personnes acceptant de donner leur sang.

Selon le ministre grec de la Santé, Thanos Plevris, « la plupart des passagers étaient des jeunes ». De nombreux étudiants rentraient en effet à Thessalonique après un week-end prolongé en raison d’un jour férié en Grèce.

À voir également sur Le HuffPost :

Greta Thunberg arrêtée en Norvège pour s’être opposée à un projet éolien

Fox News a délibérément relayé les mensonges de Trump, reconnaît Rupert Murdoch