"Accepter de payer le prix de la liberté" : que veut dire Emmanuel Macron ?

Emmanuel Macron à Bormes-les-Mimosas, le 19 août 2022 (Photo by ERIC GAILLARD / POOL / AFP)
Emmanuel Macron à Bormes-les-Mimosas, le 19 août 2022 (Photo by ERIC GAILLARD / POOL / AFP)

Une phrase qui semble préparer les esprits à des mois difficiles, en raison de la guerre en Ukraine.

Emmanuel Macron prépare-t-il les Français à un hiver compliqué ? Le 19 août, à l'occasion d'une cérémonie pour le 78e anniversaire de la libération de Bormes-les-Mimosas (Var), le chef de l'État a évoqué l'"attaque brutale" de la Russie en Ukraine, et ses conséquences, six mois après le début du conflit.

"Je pense à notre peuple auquel il faudra de la force d'âme pour regarder en face le temps qui vient, résister aux incertitudes, parfois à la facilité et à l'adversité et, unis, accepter de payer le prix de notre liberté et de nos valeurs", a notamment lancé Emmanuel Macron.

"Le président prépare les esprits à un durcissements du conflit et ses conséquences"

"Tout se passe comme si le Président préparait les esprits à un durcissement du conflit entre la Russie et l'Ukraine avec les conséquences que cela aura sur la vie quotidienne, au niveau économique et social, des Français" interprète Arnaud Benedetti, professeur associé à l'Université Paris-Sorbonne et rédacteur en chef de la revue politique et parlementaire.

La phrase prononcée par Emmanuel Macron semble s'inscrire dans la continuité de son interview accordée le 14 juillet, lorsque le chef de l'État appelait à se "préparer à ce que la guerre en Ukraine dure. L'été et le début de l'automne seront très durs", mettait alors en garde le président de la République.

"Un discours manichéen"

"Le chef de l'État maintient un storytelling, prépare par ses interventions l'opinion publiques aux difficultés et aux épreuves qui semblent arriver", remarque Arnaud Benedetti, qui voit dans les prises de paroles du président de la République "un discours manichéen pour légitimer sa position".

"Il dit aux Français qu'on est du côté du monde libre, qu'on s'oppose à un adversaire qui veut remettre ce monde en cause. C'est une façon de mobiliser l'opinion publique qui pourrait, face aux difficultés à venir, avoir davantage de réticences à le soutenir", conclut le spécialiste.

Inflation, pénuries d'énergie...

Parmi les effets redoutés par les autorités et qui pourraient s'aggraver dans les mois à venir si le conflit se poursuit voire se durcit : l'inflation, qui impacte directement le pouvoir d'achat. Estimée à 6,1% sur un an en France, elle atteint par exemple 10,1% au Royaume-Uni, où la perte de pouvoir d'achat fait planer la menace d'une grève générale dans le pays.

Outre-Manche, plusieurs secteurs comme les transports, la poste ou encore les ports ont déjà débuté la contestation sociale pour réclamer une hausse des salaires. En France, l'aide sur les carburants doit passer de 18 à 30 centimes par litre à partir du 1er septembre, pour deux mois.

Baisser le chauffage pour éviter la pénurie ?

Autre inquiétude, des risques de rationnement voire de pénurie d'énergie, alors que la Russie a cessé d'exporter son gaz vers l'Europe, un gaz russe qui représente 17% de la consommation en France. Face à cette situation, le président a appelé "à la responsabilité collective" et la France a lancé un plan de sobriété énergétique, appelant notamment à ne pas chauffer au-delà de 19 degrés les bâtiments cet hiver, saison où la demande d'énergie atteint un pic.

Outre-Manche, les autorités britanniques veulent inciter les consommateurs à privilégier les heures creuses pour utiliser des appareils énergivores comme les lave-linge ou les lave-vaisselle, grâce à des réductions, pour tenter de réduire le risque de coupures d’électricité. En Espagne, des mesures ont aussi été prises pour diminuer la consommation d'énergie.

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