Abus sexuels aux Foyers de charité: une nouvelle affaire de pédophilie touche l'Eglise

C'est une nouvelle affaire de pédophilie dans l'Eglise, qui ressemble à celle du père Preynat. Le père Finet, décédé depuis 30 ans, est mis en cause par de nombreuses victimes qui l'accusent d'agressions sexuelles entre 1945 et 1983, alors qu'il officiait aux Foyers de charité, réseau de lieux de retraite spirituelle qu'il a cofondé en 1936 à Châteauneuf-de-Galaure, dans la Drôme.

Même si ils sont très anciens, certains faits sont encore bien présents dans la mémoire des victimes. En février 2019, invité dans une émission de France Culture, un homme de 68 ans, lui-même victime dans son enfance d'un prêtre pédophile, raconte que sa femme a été victime du père Finet lorsqu'elle était résidente aux Foyers de charité. "Tu sais, les confessions avec le père Finet, c'est pas drôle, c'est la tête entre les cuisses", lui avait-elle raconté. Une femme qui s'est depuis suicidée.

Des confessions tard le soir

Après ces premières révélations, et afin de vérifier les témoignages qui lui parvenaient, la direction des Foyers de charité a lancé une commission indépendante afin d'établir la réalité des accusations portées à l'encontre du père Finet. Pendant six mois, cette commission, composée de huit membres à la fois du monde laïc et du monde chrétien, a recueilli 143 témoignages. Des messages en solidarité à ce prêtre, décrit comme une figure, mais surtout 26 récits de violences sexuelles. Un chiffre qui ne cesse de croître puisqu'un mois après la publication du rapport de cette commission, plus de vingt autres témoignages sont venus confirmer les abus dénoncés.

Les récits proviennent de femmes qui entre 1945 et 1983 étaient élèves au Foyer de charité de Châteauneuf-de-Galaure. Agées alors de 10 à 14 ans, elles décrivent pour une majorité d'entre elles des attouchements, d'autres des conversations à caractère sexuel à la demande du prêtre, toujours lors des confessions. La commission parle de "gestes déplacés", d'"abus de pouvoir" de la part du père Finet qui organisait des confessions tard le soir, après 22 heures, dans sa "chambre-bureau" où il était parfois allongé sur le divan. Les élèves se mettaient à genoux très près de lui, voire même sur ses genoux. Toutes les conversations étaient orientées vers la sexualité.

"Reconnaître" la souffrance des victimes

Co-fondateur de cette oeuvre internationale que sont les Foyers de charité, le père Finet est décrit comme ayant "une autorité forte et paternelle", un homme de "caractère, très actif et bâtisseur" au "tempérament passionné, chaleureux". Face à cette aura qui lui est attribuée, d'autres parlent de "l'intransigeance", du "manque de distance et d’esprit critique" développés par le père Finet, qui cultivait "un culte de la personnalité". Voire un côté "affabulateur", qui consistait à "enrober la vérité" et "enjoliver" des faits. Aucune poursuite ne peut désormais être engagée contre lui, puisqu'il est mort il y a 30 ans, en raison de l'extinction des poursuites mais aussi de la prescription des faits.

"La plupart des victimes ne veulent pas que ça aille plus loin sur le plan judiciaire", expliquent à BFMTV.com les Foyers de charité.

Comme dans toutes les affaires de pédophilie, et notamment celle concernant l'ancien prêtre Bernard Preynat, condamné à cinq ans de prison ferme en début d'année, l'impact de ces agressions se fait encore ressentir chez les victimes. 15 des 26 premières victimes à avoir témoigné évoquent une "souffrance durable" avec des blessures psychologiques toujours vives. Impact sur leur vie, sur leur personnalité, sur leur psychologie, certaines ont tout simplement rejeté l'Eglise à l'âge adulte.

Les Foyers de charité, qui ne mettent pas en doute ces accusations, expliquent que le but de cette commission et de la révélation de ces témoignages est de reconnaître la souffrance des victimes. "Nous sommes sous le choc, expliquait à France Bleu le secrétaire général des Foyers, Thierry Coustenoble, après la publication du rapport de la commission. Nos premières pensées sont pour les victimes, nous reconnaissons leur souffrance, nous sommes bouleversés." Un audit général va être lancé concernant toutes les activités des foyers à travers le monde, dans 40 pays.


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Article original publié sur BFMTV.com