Les aborigènes d’Australie utilisaient le feu en agriculture il y a au moins 11 000 ans
“Voilà au moins 11 000 ans que les Australiens autochtones utilisent le feu pour former les écosystèmes du nord du pays, à en croire le charbon conservé dans les sédiments d’une doline”, rapporte Nature.
La revue scientifique se fait l’écho d’une étude parue le 11 mars dans Nature Géoscience pour laquelle les chercheurs ont analysé les sédiments prélevés dans la lagune de Girraween, un plan d’eau formé par un effondrement de terrain il y a plus d’une centaine de milliers d’années, à proximité de Darwin, dans le nord de l’Australie. Ce site, important pour la tribu aborigène des Larrakia, avait été rendu célèbre par le film Crocodile Dundee, sorti en 1986.
On sait que des humains sont présents sur l’île-continent depuis au moins 65 000 ans, mais on en sait assez peu sur leurs pratiques, et en particulier sur la période à laquelle la technique du brûlis a commencé à être utilisée en agriculture.
Changement dans les dépôts de charbon
Dans leur analyse des sédiments – qui permettent de couvrir une période de 150 000 ans –, les chercheurs ont noté un changement dans les dépôts de charbon de bois indiquant des modifications dans l’intensité des incendies dans la région, correspondant à une époque datant d’il y a 11 000 ans environ. En outre, l’analyse géochimique des isotopes du charbon permet d’en connaître l’origine et de distinguer des dépôts provenant de feux de forêts de ceux résultant d’herbes brûlées.
Les auteurs ont ainsi observé un changement durable dans les dépôts de charbon, passant d’incendies peu fréquents et de forte intensité – le régime “naturel” des incendies – à des incendies plus fréquents mais moins intenses, ce qui témoigne, selon eux, de l’utilisation du feu par les aborigènes pour des usages culturels et agricoles.
Pour Joe Fontaine, un écologue du feu à l’université Murdoch de Perth, qui n’a pas participé à ces travaux, “la compréhension croissante du rôle des brûlis traditionnels dans la formation du paysage australien, en particulier dans les régions du Nord, est essentielle à la gestion des incendies contemporaine, qui exclut en grande partie les autochtones et leurs compétences”, indique Nature.
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