À quel parti politique appartient François Ruffin, espoir de la gauche pour 2027 ?

Électron libre chez LFI, président de son propre micro-parti, pour qui roule François Ruffin ?

10 ans après Nuit Debout, dont il était l'une des figures, François Ruffin est considéré par beaucoup comme un candidat de la gauche viable pour la prochaine présidentielle (Photo Charly TRIBALLEAU / AFP)
10 ans après Nuit Debout, dont il était l'une des figures, François Ruffin est considéré par beaucoup comme un candidat de la gauche viable pour la prochaine présidentielle (Photo Charly TRIBALLEAU / AFP)

L’horizon de la prochaine présidentielle lui fait de l’œil. Le député François Ruffin serait même le mieux placé à gauche en 2027, et le plus susceptible d’affronter Marine Le Pen dans un potentiel second tour, selon une enquête d’opinion de l'institut Cluster 17 publiée dimanche par Libération.

Pourtant, le natif de Calais, est longtemps resté réfractaire au "terrain de jeu" politique, dont il assumait "ne pas connaître les règles du jeu" en 2016. Mais il a fini par se lancer.

"Électron libre" à LFI

S'il siège depuis 2017 à l’Assemblée nationale en tant que député La France insoumise, François Ruffin a toujours gardé une forme de distance avec le parti fondé par Jean-Luc Mélenchon. Qualifié "d'électron libre", il est même décrit comme solitaire par plusieurs confrères : "Il est très, très perso", s'agaçait une députée LFI auprès de France info.

Exemple récent en date : la prise de position de François Ruffin suivant les attaques du 7 octobre en Israël. Le député s'était alors démarqué de LFI, qualifiant auprès du Monde le Hamas d’organisation "terroriste", chose que le mouvement de Jean-Luc Mélenchon se refusait de dire, s'attirant à cette occasion de nombreuses critiques.

Une distance qui fait parfois la force du député de la Somme, épargné au vu des sondages par les régulières tempêtes traversant la France insoumise, mais qui lui vaut aussi des critiques venant de son camp. Ainsi, François Ruffin avait été sévèrement tancé par la députée LFI Sophia Chikirou en juin dernier, après que la question des transgenres ne devait pas être la priorité de la gauche : "Ce propos, en ce jour, est au mieux maladroit, au pire une faute politique", avait-elle ainsi réagit. Le député de la Somme était ensuite revenu sur ses propos.

L'élu, qui s’auto-définit comme "social-démocrate", reste néanmoins impliqué dans la campagne des européennes, et dit soutenir la liste de Manon Aubry "avec énergie". Le chef de file du PS Raphaël Glucksmann n’a en revanche pas ses faveurs. François Ruffin jugeant ses propos "déconnectés et hors-sol" dans une lettre publique qui avait fait grand bruit.

Président du micro-parti "Picardie Debout"

Député LFI, François Ruffin possède néanmoins son propre parti : "Picardie Debout". Il inaugurait même à Paris, fin 2023, les nouveaux locaux de son micro-parti né officiellement en 2017. Un mouvement qui veut mettre en avant "la convivialité citoyenne et la solidarité militante" et tout ce qui peut "faire vivre la démocratie par tous les moyens", comme l’indique leur cahier des charges.

Le slogan du parti possède une connotation anti-milliardaires - "Ils ont l'argent, on a les gens !" - tandis que le nom rappelle les débuts de François Ruffin à Nuit Debout.

Ses premiers pas à gauche, du journalisme à "Nuit Debout"

Pendant 41 ans, François Ruffin ne s’est engagé politiquement auprès d’aucun parti. Farouche ennemi du "maljournalisme", il partageait ses convictions à travers le journal qu’il a fondé, Fakir, mais aussi Le Monde Diplomatique et France Inter, et par le biais de ses films et livres.

Son empreinte est nettement marquée à gauche : la critique des médias, la délocalisation des usines et la précarisation des salariés français font déjà partie de ses combats. Dans son premier film "Merci Patron" sorti en 2016, il s’attaque à Bernard Arnault – de nouveau l’homme le plus riche du monde – en dénonçant la délocalisation d’une usine française du groupe LVMH en Pologne. François Ruffin reçoit peu après le César du meilleur documentaire.

Après avoir grandi toute une vie à Amiens (et obtenu entre autres la défaite aux législatives du maire Gilles de Robien), le journaliste prend ses marques à Paris. Il réunit ses premières foules place de la République, en devenant l’une des figures de proue de Nuit Debout. Le mouvement (sans parti défini) s’opposait alors à la loi Travail portée par François Hollande.

Soutien des Gilets Jaunes et contre les délocalisation

La lutte contre les délocalisations d’usines françaises est l'un des combats de François Ruffin. En 2016, il soutient les salariés mis à pied de l'usine Whirlpool d'Amiens et leur remet son César.

À peine élu, François Ruffin soutient le mouvement des Gilets jaunes pour devenir leur "cahier de doléances ambulant". Il tire de son expérience auprès d’eux un nouveau film, "J’veux du soleil". Le député de la Somme n'est par ailleurs que peu élogieux en vers Emmanuel Macron. Ses livres et ses sorties publiques sont souvent des diatribes contre le président de la République, qu’il décrit comme "un irresponsable à la tête de l’État" pour lequel il a un "rejet viscéral".

Côté engagements à l'Assemblée, le député-réalisateur lutte également pour la défense des femmes de ménage et des aides-soignants, l’interdiction des trajets courts en avion pour leur préférer le train, la reconnaissance du burn-out comme maladie professionnelle ou encore les inégalités salariales hommes-femmes.

"Successeur" de Jean-Luc Mélenchon ?

Depuis quelques années, le fondateur de Fakir commence imperceptiblement à faire de l’ombre à Jean-Luc Mélenchon, troisième de la présidentielle de 2022. Ce dernier dit avoir "un faible pour lui". Suite à un précédent sondage Cluster 17 sur la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon allait même à jusqu'à dire "François est prêt". Des propos rapidement relativisés par François Ruffin : "Ce qui doit primer, c'est l'équipe", a toutefois relativisé François Ruffin, et "l'équipe, j'espère bien en être". Reste à voir si cette envie de collectif pourrait faire de l'électron libre de LFI le capitaine de la gauche unie.