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A poil, mais sans poils

Getty images
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Depuis une vingtaine d’années, la mode est de plus en plus aux pubis sans poils, ce qui n’est pas anodin en ce qui concerne notre sexualité et notre rapport à nos organes génitaux.

Des poils disgracieux au ticket de métro

Si, bien sûr, depuis longtemps les femmes s’épilaient les jambes et les aisselles, il n’était pas question de s’épiler le pubis. Puis peu à peu, tout d’abord dans les films pornographiques, on a vu des sexes moins fournis en toison. La mode des maillots de bains et des lingeries de plus en plus échancrées y ont également contribué, les femmes prirent l’habitude de « se faire épiler le maillot ». Cela consistait à juste enlever les quelques poils disgracieux qui dépassaient de la culotte. Ensuite, vint la mode du fameux ticket de métro qui consiste à ne garder qu’un rectangle de poils sur le pubis. Aujourd’hui, la majorité des femmes sont intégralement épilées, c’est particulièrement flagrant chez la jeune génération.

Il y a maintenant dans les instituts de beauté des offres multiples pour pratiquer ces épilations intégrales. Quant aux hommes, ils sont, à leur tour, de plus nombreux à suivre cette mode. A tel point que la dernière enquête signifiait que 80 % des hommes préféraient les femmes au pubis rasé. Et ce chiffre flirte avec les 100 % chez les jeunes générations.

Bien sûr comme toutes les modes, la tendance peut se renverser mais pour l’instant, elle s’est installée. Essayons de comprendre pourquoi ?

La première motivation semble être hygiénique, comme si les poils nuisaient à une toilette intime. En fait, il semblerait qu’ils protègent plutôt sauf peut-être en ce qui concerne les morpions, espèce en voie de disparition puisqu’on lui a retiré son habitat.

Plus sérieusement, le manque de poils sur le pubis n’a pas de réelle incidence démontrée sur la santé des vagins, chacun y va de ses propres convictions. Le seul vrai handicap est : l’épilation. Cette dernière favorise des irritations de la peau, très délicate à cet endroit et l’épilation à la cire favorise des pousses de poils incarnés.

La société nous éloigne de notre nature animale
Je crois qu’il faut plutôt y voir des raisons culturelles. De plus en plus, notre société veut nous éloigner de notre nature animale. Et quoi de plus proche de l’animalité que les poils ? De plus, il y a dans le domaine de la sexualité une chasse aux odeurs. Il existe même maintenant des parfums et des déodorants intimes. Comme si l’odeur du sexe était anti-sensuelle. Le sexe sale, ce n’est pas nouveau. Pourtant les senteurs féminines ont depuis la nuit des temps excité les hommes.
Une autre remarque me paraît intéressante. On enlève les poils pubiens mais de plus en plus d’hommes se font pousser la barbe, d’un côté on infantilise la femme et de l’autre on renforce la virilité des hommes. Ainsi, la femme ne peut pas s’affirmer dans sa puissance féminine et se voit obligée de rester avec une vulve de fille mais l’homme moins sûr de sa puissance, la ré-affirme par des poils sur le menton…
Evidemment je laisse chacun libre de vivre sa nudité avec ou sans poils mais restons libres de notre choix. Les seules raisons qui me semblent intéressantes sont d’ordre : esthétiques et érotiques.
Je terminerai en signalant que dans les milieux échangistes, les femmes se rasent le pubis pour des raisons exhibitionnistes. Dans les milieux SM, c’est davantage pour des raisons de soumission.

Brigitte Lahaie