80 ans du D-Day: comment la famille royale a gagné la sympathie des Britanniques pendant la guerre

Il est venu en 1984, en 1994, en 2000, en 2014 et en 2019, mais il était encore seulement prince de Galles. Le roi Charles va vivre ce jeudi 6 juin 2024 ses premières commémorations du Débarquement allié en Normandie en tant que roi, aux côtés de Camilla. Son fils, le prince William, sera aussi du voyage et participera aux commémorations canadiennes du D-Day, organisées au Centre Juno Beach de Courseulles-sur-Mer.

La veille de ce déplacement, le monarque, la reine Camilla et le prince William sont également attendus à Portsmouth, sur la côte sud de l'Angleterre, pour les célébrations nationales de l'opération. Tout un symbole, quand on connaît le rôle unificateur qu'a joué la famille royale auprès des Britanniques pendant la Deuxième Guerre mondiale.

"Nous sommes en guerre"

Le 3 septembre 1939, jour de l'entrée en guerre du Royaume-Uni, George VI, le père de la future reine Elizabeth II, s'adresse dans un message radiophonique au peuple britannique et aux pays membres de l'empire britannique, le futur Commonwealth. La tâche est complexe pour le "roi bègue", qui n'était pas destiné à régner, mais a dû reprendre fin 1936, la couronne laissée par son frère aîné Edouard VIII, parti pour l'amour de l'Américaine Wallis Simpson.

En ce 3 septembre, le roi appelle à la "mobilisation des corps mais aussi des esprits", évoque l'historien Philippe Chassaigne, spécialiste de la couronne britannique, dans le Podcast royal de BFMTV.

"Pour la deuxième fois, dans la vie de nombre d'entre nous, nous sommes en guerre", déclare dans ce discours, faisant allusion à la Première Guerre mondiale, à laquelle il a lui-même pris part, dans la marine britannique.

Buckingham bombardé

Buckingham est touché par les bombes allemandes pendant le Blitz - la campagne de bombardements menée par l'aviation allemande contre le Royaume-Uni de septembre 1940 à mai 1941. George VI s'attire la sympathie de ses sujets en restant au palais, avec son épouse Elizabeth, la future "queen mum".

"Les enfants n'iront pas sans moi. Je n'abandonnerai pas le roi. Et le roi ne partira jamais", avait répondu la future "queen mum" quand on lui avait suggéré de quitter le pays pour se mettre à l'abri, selon le site officiel de la famille royale.

Il s'agissait de "montrer qu'ils partageaient le sort de leurs sujets", souligne Philippe Chassaigne. "Ils ne voulaient pas avoir l'air d'être surprotégés." "Ils l'étaient bien évidemment, c'était tout de même le roi et la reine", ajoute l'historien. Mais le couple passait ses journées au palais de Buckingham, "même si la nuit, ils repartaient à Windsor, où se trouvaient les princesses Elizabeth et Margaret".

Échanges entre George VI et Churchill

Tout au long de la guerre, le roi George VI est informé par le biais de ses boîtes rouges. "George VI était un militaire, il avait fait tout son début de carrière dans la marine", rappelle Philippe Chassaigne. "Il a été informé de tous les développements stratégiques, déterminés par Churchill."

Le site officiel de la monarchie britannique rappelle également un échange de lettres entre le Premier ministre et le roi. Tout deux envisageaient alors d'assister au Débarquement, à bord d'un navire de la Royal Navy. "Je suis arrivé à la conclusion qu'il ne serait pas bon pour vous ni pour moi d'être là où nous avons prévu d'être le jour J", écrit George VI.

"Nous devrions tous les deux, je le sais, aimer être là. Mais très sérieusement, je vous demande de reconsidérer votre projet."

Ils y renoncent tous deux pour des raisons de sécurité. Le roi se rend finalement en France le 16 juin 1944, dix jours après le Débarquement.

Apport psychologique

De son côté, la jeune princesse Elizabeth participe, elle aussi, à l'effort de guerre. En février 1945, elle a 18 ans et suit une formation de chauffeur et de mécanicienne. Elle obtient 5 mois plus tard le grande commandant junior honoraire.

"Elle a eu un apport essentiellement psychologique, dans la mesure où elle s'est engagée dans l'armée de réserve territorriale", analsye Philippe Chassaigne.

"Elle a effectivement appris à conduire, elle a appris à réparer des moteurs. C'était une façon de montrer qu'elle se mêlait à ses contemporaines et participait à la défense passive."

Quelques mois plus tard, le 8 mai 1945, lorsque l'Allemagne capitule, la princesse Elizabeth se mêle à la foule pour célébrer la victoire des alliés, avec sa sœur Margaret, comme on peut le voir dans un épisode de la sixième saison de The Crown.

"Elles ne sont pas parties toutes seules, elles avaient des agents de sécurité", précise Philippe Chassaigne. "Mais effectivement, elles se sont mêlées à la foule qui chantait, qui dansait." Les deux princesses se sont trouvées devant Buckingham, alors que la foule appelait le roi. La fiction, sur ce point, n'est pas si éloignée de la réalité.

Article original publié sur BFMTV.com