80 ans du Débarquement : le sens de l’histoire, une affaire de jeunesse
Il n'y a qu'un pas de l'impatience au nihilisme. C'est pourquoi la jeunesse passe sans transition d'une révolte à une autre, quitte à épouser des causes contradictoires. Elle est convaincue – non sans raison d'ailleurs – qu'une entente plus ou moins volontaire permet aux générations précédentes d'organiser un ralentissement du monde qui leur est défavorable.
Et c'est naturellement qu'elle se donne à ce qui a l'apparence du mouvement. De là une complémentarité exemplaire avec les partis contestataires de toutes obédiences, pour le meilleur et pour le pire.
Le nazisme a été une affaire allemande, mais aussi une affaire de jeunesse. Celle d'une génération obnubilée par une vengeance qui lui apparaissait d'autant plus nécessaire que la « trahison » de la Première Guerre mondiale était, d'après eux, le fait de la lâcheté de leurs aînés.
En Hitler se rencontraient la célérité et la méchanceté, deux conditions à l'accomplissement du dessein vengeur. Stefan Zweig, bien que dépité par le triomphe de l'imbécillité et de la crapulerie, trouvait des circonstances atténuantes à l'engouement de la jeunesse pour le parti nazi.
Habités par la violence et l'amertume
Dans Révolte contre la lenteur, il relevait, sur fond de désastre social, la résolution des jeunes Allemands contre « la haute politique », lente, impuissante, à l'image d'une Société des Nations bavarde et stérile.
Son ami Klaus Mann, 25 ans à l'époque, lui répond dans une lettre, sur un ton amical mais ferme : « Je [...] Lire la suite