500 kilomètres par heure à 5 mètres d’altitude : qu’est-ce qu’un ekranoplane ?
Nous sommes sur la mer Caspienne, en une belle journée de 1990. Le rugissement assourdissant de huit turboréacteurs à pleine puissance déchire les flots. Un monstre de 400 tonnes, mi-avion mi-bateau, vient de passer à 500 km/h en frôlant l'écume. Cet incroyable objet volant, baptisé ekranoplane, est tout droit sorti du bureau dirigé par Rostislav Evgenievich Alekseïev, génial ingénieur naval russe, l'équivalent d'Andreï Tupolev dans l'aviation. Son objectif : mener des assauts amphibies éclair en restant sous la couverture radar ennemie. Trop complexe à mettre en œuvre, trop vulnérable face à une mer agitée, le concept est vite abandonné par les Soviétiques. Mais il vient d'être ressuscité aux États-Unis par le Pentagone, avec le programme Liberty Lifter.
Les ekranoplanes exploitent un phénomène physique bien connu des pilotes : l'effet de sol. Lorsqu'ils volent à très faible altitude, les oiseaux, avions ou planeurs profitent d'un surcroît de portance car l'air sous l'aile ne peut pas s'échapper vers le bas. « La traînée [toutes les forces qui le ralentissent, NDLR] est fortement diminuée, jusqu'à 50 %, alors que la portance augmente d'autant », explique Jean-Marc Moschetta, professeur d'aérodynamique à l'ISAE-SUPAERO.
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