2023, une année déjà noire pour la corruption en Amérique latine

“L’année [2023] aura déjà été marquée par de sérieux revers pour les politiques anticorruption, et ce dans pratiquement tous les pays étudiés”, commente Americas Quarterly, la revue new-yorkaise spécialisée sur l’Amérique latine, au sujet du rapport “Capacity to Combat Corruption (CCC) Index” [Indice de la capacité à combattre la corruption] de l’année 2023, publié mardi 27 juin. Cette cinquième édition souligne que, parmi les 15 pays pris en compte, la majorité ont vu leurs efforts diminuer pour lutter contre la corruption par rapport à l’année 2022.

Le cas le plus flagrant est celui du Guatemala, où ces derniers mois les juges anticorruption ont fait l’objet d’attaques persistantes de la part du pouvoir, aux mains du président Alejandro Giammattei, en les poussant à l’exil ou en les mettant derrière les barreaux. Les journalistes critiques envers le pouvoir y sont également persécutés : le grand quotidien d’investigation El Periódico a été fermé le 15 mai dernier et son directeur, José Rubén Zamora, a été condamné à six ans de prison le 14 juin.

“Le Guatemala a connu la plus forte dégringolade dans le classement de tous les pays en 2023 (il perd 15 % d’une année sur l’autre), soit une quatrième année de baisse”, écrit le rapport, qui lui attribue une note de 2,86 sur 10. Ce rapport, disponible en anglais, espagnol et portugais, est fondé sur la capacité des pays à prévenir, déceler et punir la corruption par la justice, les médias et les organisations de la société civile. Il est illustré par cette carte interactive.

Menaces sur les journalistes au Mexique

Depuis 2019, il est élaboré par Americas Society/Council of the Americas (AS/COA), deux organisations à but non lucratif consacrées aux débats et au dialogue dans les Amériques – et qui publient notamment la revue Americas Quarterly et son site web. Lequel souligne :

“Au classement de cette année […], 10 pays sur 15 sont en recul, d’où une diminution du score régional moyen pour la première fois depuis 2020.”

L’indice global est tombé cette année à 4,77 sur 10. Autre cas souligné par le rapport : le Mexique, passé de 4,05 à 3,87, une des baisses les plus importantes. “La plus forte diminution enregistrée [au Mexique] concerne la catégorie société civile et les médias, détaille le rapport, car les journalistes mexicains continuent à exercer leur métier dans des conditions hostiles. Leur pays présente notamment le taux de violence le plus élevé contre les journalistes, l’Ukraine exceptée. Et le président Andrés Manuel López Obrador a continué à montrer du doigt des journalistes et des membres de la société civile pour l’avoir fortement critiqué.”

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