Un attentat fait 13 morts et 56 blessés en Turquie

Treize militaires ont été tués et 56 blessés samedi dans un attentat à la voiture piégée contre l'autobus qui les transportait, à Kayseri dans le centre de la Turquie, une semaine après un attentat similaire contre la police à Istanbul. /Photo prise le 17 décembre 2016/REUTERS/Turan Bulut

par Tuvan Gumrukcu et Orhan Coskun ANKARA (Reuters) - Treize militaires ont été tués et 56 blessés samedi dans un attentat à la voiture piégée contre un autobus de l'armée à Kayseri dans le centre de la Turquie, une attaque que le président Recep Tayyip Erdogan a attribuée aux activistes kurdes. Cette opération intervient une semaine après l'explosion de deux bombes visant les forces de police samedi dernier devant le stade de l'équipe de football d'Istanbul, le Beşiktaş. Quarante-quatre personnes avaient trouvé la mort et 150 autres avaient été blessées dans cet attentat imputé au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Ce double attentat a été revendiqué par un groupe armé lié au PKK, les Faucons pour la liberté du Kurdistan (Tak). Sept personnes ont été arrêtées samedi et cinq autres sont recherchées. "Le style et les cibles de cette attaque montrent clairement que le but de l'organisation séparatiste terroriste est de déstabiliser la Turquie, de l'affaiblir et de l'obliger à concentrer son énergie et ses forces sur d'autres objectifs", a déclaré le chef de l'Etat turc. "Nous savons que les attaques que nous subissons ne sont pas étrangères aux changements dans notre région, en particulier en Irak et en Syrie", a-t-il poursuivi. Erdogan a confirmé que 13 personnes avaient péri dans l'attaque de samedi et que 55 autres avaient été blessées. Un responsable a revu le bilan à 56 blessés. Tous les tués et 48 blessés étaient des militaires qui n'étaient pas en service, précise un communiqué de l'armée. L'attaque de ce samedi s'est produite quand le bus s'est arrêté à un feu rouge et qu'un véhicule s'est approché avant d'exploser, a expliqué la chaîne de télévision NTV. Le bus se trouvait alors près du campus de l'université d'Erciyes à Kayseri. MANIFESTATION CONTRE LE HDP La responsabilité de l'attentat de samedi n'a pas été revendiquée mais le vice-Premier ministre Numan Kurtulmus a établi un lien avec ceux de la semaine passée. Dans un commentaire qui semblait viser les Etats-Unis, il a également demandé aux alliés de la Turquie de ne plus soutenir les séparatistes kurdes. "C'est ce que nous attendons de nos amis. Pas seulement quelques messages de condamnation mais qu'ils s'engagent avec nous sur le terrain de la lutte contre les organisations terroristes", a-t-il déclaré. Vladimir Poutine a adressé un télégramme de condoléances à Recep Erdogan et lui a indiqué que la Russie était prête à accroître sa coopération dans la lutte contre le terrorisme, rapportent les agences de presse russes. De son côté le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a eu un entretien téléphonique avec ses homologues turc et iranien pour discuter de la crise en Syrie. Engagée dans l'opération "Bouclier de l'Euphrate" depuis le mois de septembre sur le sol syrien, la Turquie a mené de nouvelles actions ariennes contre le groupe Etat islamique (EI) tuant 20 djihadistes au cours des dernières 24 heures, a annoncé l'armée. L'aviation turque a frappé 64 cibles de l'EI tandis que 206 autres ont été pilonnées par l'artillerie et d'autres moyens militaires dans le nord de la Syrie. Samedi, une foule de manifestants s'en est pris au siège local du Parti démocratique des peuples (HDP, pro-kurde), deuxième formation de l'opposition parlementaire, qui a été saccagé. Le HDP a condamné l'attentat et a demandé au gouvernement de ne plus employer une rhétorique de division. (Tulay Karadeniz, Tuvan Gumrukcu et Humeyra Pamuk; Danielle Rouquié pour le service français)