«120 Battements par minute», à fleur de pouls

Historique, biographique, film d’époque ou roman d’apprentissage, le mélodrame concentrique de Robin Campillo sort mercredi.

Un film événement ? 120 Battements par minute sort en salles avec de l’élan. L’enthousiasme qui a entouré ses premières présentations n’est qu’un tremplin. Autre chose semble le pousser vers nous, comme un vent favorable : un désir ou un besoin, auxquels il vient répondre. Le film arrive plein de quelque chose qui le déborde et qu’il a réussi à accueillir en son sein : toute une époque (les premières années 90, ou le début de la nôtre) ; toute une histoire, celle d’Act Up-Paris, des formes de vies et de résistance inventées par ses membres dans la «lutte contre le sida», c’est-à-dire contre le silence ; toute une mémoire aussi, puisque la biographie et l’autobiographie y jouent leur rôle, charriant les souvenirs transposés de vies réelles et de blessures non refermées. Film d’époque, historique, biographique ? Triple événement où le cinéma aura en apparence la fonction précise, enfin claire aux yeux de tous, de rassembler et de recueillir, pour se recueillir.

L’idée que le moment serait enfin venu de raconter, de reprendre, de rejouer : cela semble impossible. Un tel film viendrait trop tôt (pour les morts) ou trop tard (pour les vivants). 120 BPM n’est pas ce film, ou pas seulement. S’il l’est quand même un peu, ce film événement, il se l’intègre comme un de ses moments et non comme son but : époque, histoire et vies y sont comme dévorées en chemin vers autre chose. Vers quoi ? Vers lui-même, vers son cœur sombre battant en circuit fermé, où la mort n’est déguisée en fête que jusqu’à un certain point, où la communauté est d’abord la répétition d’elle-même, où les vies passent puis retournent à la pulsation première, ce néant rythmé d’où elles sont venues : c’est un mélodrame. Il est construit comme un roman d’apprentissage.

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