100 détenus graciés en Egypte dont 3 journalistes d'Al Djazira

LE CAIRE (Reuters) - Le président égyptien Abdel Fattah al Sissi a gracié 100 détenus, dont trois journalistes de la chaîne qatarie Al Djazira et des activistes politiques, a-t-on appris mercredi de sources sécuritaires. Cette grâce présidentielle a été accordée à l'occasion de la fête musulmane de l'Aïd et à la veille du départ d'Abdel Fattah al Sissi pour New York, où il assistera à l'Assemblée générale de l'Onu. Elle coïncide également avec l'annonce d'un accord sur la vente à l'Egypte des deux navires Mistral français initialement destinés à la Russie. Le président égyptien, qui était à la tête de l'armée quand celle-ci a renversé l'islamiste Mohamed Morsi, premier président démocratiquement élu de l'histoire de l'Egypte, il y a deux ans, est régulièrement critiqué pour son bilan en matière de droits de l'homme. Parmi les détenus graciés figurent trois journalistes d'Al Djazira, le Canadien Mohamed Fahmy, l'Egyptien Baher Mohamed et l'Australien Peter Greste, qui avaient été condamnés à trois ans de prison le mois dernier, lors d'un second procès, pour avoir diffusé sans autorisation depuis Le Caire. Peter Greste a été expulsé d'Egypte en début d'année mais les deux autres journalistes ont été emprisonnés. Les trois hommes avaient été condamnés en première instance à des peines de sept à dix ans de prison pour "propagation de mensonges" en vue d'aider une organisation dite terroriste, en l'occurrence les Frères musulmans du président déchu Mohamed Morsi, qui était soutenu par le Qatar. Le Canada, qui a exercé de fortes pressions diplomatiques, s'est félicité de la prochaine libération de Mohamed Fahmy et a annoncé que ses services consulaires au Caire allaient faciliter le départ du journaliste de son pays natal. Des activistes politiques issus de la société civile égyptienne arrêtés pour avoir enfreint une loi controversée restreignant drastiquement le droit de rassemblement et de manifestation ont également été graciés, ont dit les sources sécuritaires. Selon des militants, les principales figures du soulèvement de 2011 contre Hosni Moubarak qui ont été arrêtées dans le cadre de cette loi et condamnées à de lourdes peines de prison, comme Ahmed Maher, Ahmed Douma et Alaa Abdel Fattah, ne font cependant pas partie de la liste. (Asma Alsharif, avec David Ljunggren à Ottawa; Tangi Salaün pour le service français)