Xavier Niel, le Steve Jobs français ?

Tous deux ont commencé leurs aventures tout jeunes. Steve Jobs a révolutionné l’informatique avec son Macintosh et le mobile avec son iPhone. Xavier Niel a bouleversé l’univers des télécoms et de l’accès à Internet avec Free et sa Freebox. Xavier Niel est-il le Steve Jobs français ?

Des points communs


Cet été encore, à l’occasion de l’offre de rachat de T-Mobile par Illiad, la presse américaine a osé la comparaison entre Xavier Niel et Steve Jobs. Pourtant, Xavier Niel s’en défend : « je ne suis pas sûr d’avoir autant de génie ».

Il existe toutefois des points communs entre les deux patrons emblématiques. L’un et l’autre sont des "David" disruptifs qui se sont attaqués avec succès à tous les "Goliath" installés de la concurrence. Jobs pourfendait IBM, puis Microsoft, tandis que Niel s’en prenait à Orange et SFR. Ils ont aussi un goût commun pour le design, ce que Xavier Niel concède devoir à Jobs. L’iMac signe avec succès l’avènement du design dans l’innovation technologique. C’est en pensant à cela que Niel a confié la conception de sa Freebox Révolution à Philippe Starck.

Enfin, Xavier Niel aime aussi les grands shows de communication à la manière des fameuses Keynotes de Jobs. Mais les points communs s’arrêtent peut-être là…



De profondes divergences
Même si c’est un entrepreneur qui a réussi, Jobs paraît beaucoup plus idéaliste que Niel. Ses produits s’ancrent depuis toujours dans une vision très intellectuelle de la technologie et de son rôle dans la société, qui est à la base de ses échecs comme de ses réussites. Xavier Niel, lui, est beaucoup plus matérialiste : il se contente d’exhorter à une démocratisation de la téléphonie à travers la baisse des prix. En cela, il est beaucoup plus un Leclerc qu’un Jobs.

Jobs avait aussi un côté perfectionniste, qui lui a coûté cher et rapporté beaucoup : les produits Apple devaient toujours être finis et parfaits. Xavier Niel, lui, n’a jamais hésité à commercialiser des offres ou des produits, comme la Freebox, qui n’étaient pas aboutis techniquement, et dont les clients servaient de beta-testeurs. Ceux qui ont eu les premières Freebox s’en souviennent !

Enfin, si l’on excepte les épisodes NeXT et Pixar, après son éviction d’Apple, Jobs est l’homme d’une seule entreprise. Xavier Niel, lui, est plutôt un entrepreneur en série. Des services de Minitel rose à Free, il n’a jamais cessé de créer, d’acheter, de vendre, dans des secteurs très différents, comme les médias avec Le Monde en 2010, ou l’éducation avec l’École 42. Xavier Niel a même créé son propre fonds d’investissement, Kima Ventures, l’un des plus actifs au monde, avec presque 1 000 financements par an.