Être l’aîné d’une fratrie n’est pas toujours facile : voici ce dont les premiers-nés parlent le plus en thérapie
FAMILLE - Farouchement indépendants, motivés, responsables… Les qualificatifs ne manquent pas pour décrire les frères et sœurs aînés. Une position dans la famille qui vient aussi avec son lot d’attentes et de questionnements.
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Ils essuient les plâtres des tâtonnements de leurs parents en matière d’éducation et ont souvent la responsabilité de veiller sur leurs cadets. Autant d’expériences qui peuvent ressortir sous une forme ou une autre en thérapie.
Deux thérapeutes racontent les défis spécifiques rencontrés par les premiers nés et les problèmes qu’ils soulèvent le plus souvent lors des séances.
[Note : Cet article est une traduction réalisée par la rédaction du HuffPost France, à partir d’un article paru en 2023 sur le Huffington Post américain. L’article original à lire ici. Il a été traduit et édité dans un souci de compréhension pour un lectorat francophone.]
« Ils sont très, très durs envers eux-mêmes »
Avec leur premier-né, les nouveaux parents sont encore en plein apprentissage, avec tous les essais et faux pas qui vont parfois avec, rappelle Altheresa Clark, travailleuse sociale spécialisée en santé mentale en Floride.
Cela peut vouloir dire que les aînés doivent faire face à des styles parentaux plus stricts avec beaucoup de règles et d’espoirs placés sur eux. « Il y a beaucoup d’attentes et souvent, [cela crée] des personnalités perfectionnistes », explique-t-elle.
« S’ils ne se montrent pas à la hauteur de ce que leurs parents ont exigé d’eux, ils sont très, très durs envers eux-mêmes », poursuit Altheresa Clark.
Pour elle, il est important que les aînés prennent conscience de cette dynamique et apprennent à être plus indulgents envers eux-mêmes et à déconstruire cette manière de penser qui les poursuit parfois pendant des décennies.
Cette tendance à l’autocritique peut aussi mener certains à développer un syndrome de l’imposteur. Quand il s’agit de succès ou de reconnaissance, les enfants nés en premier peuvent penser qu’ils « ne le méritent pas à cause de cette analyse autocritique sévère… », explique Altheresa Clark.
Endosser un rôle de « parent »
Selon Aparna Sagaram, thérapeute familiale à Philadelphie, de nombreux aînés ont été confrontés à la « parentification » dès leur plus jeune âge. Cela signifie qu’ils se sont vus confier des responsabilités d’adultes pour aider leurs parents qui travaillaient beaucoup ou n’étaient pas toujours disponibles.
« Le fait de devoir s’occuper des frères et sœurs plus jeunes, de préparer leurs repas, de les mettre au lit, de les surveiller » sont autant d’exemples de ces responsabilités, explique la thérapeute.
Selon Aparna Sagaram, les enfants qui ont connu ces dynamiques deviennent des adultes souvent incapables de se détendre pleinement, qui s’inquiètent constamment pour les autres et qui ont toujours l’impression de devoir s’occuper de leurs proches. Ce phénomène se manifeste aussi bien chez les hommes que chez les femmes.
Jalousie à l’égard des cadets
Selon la thérapeute, les aînés de fratries ont aussi souvent l’impression d’avoir dû ouvrir la voie à leurs cadets et peuvent avoir le sentiment que leur petite sœur ou leur petit frère a eu la vie plus facile.
Cela peut mener à des sentiments de jalousie ou de ressentiment. Selon les deux thérapeutes, les frères et sœurs aînés peuvent ainsi être jaloux de l’insouciance que ressentent leurs cadets dans certaines situations – comme dans les cas de mauvaises notes ou de non-respect du couvre-feu, par exemple – et souhaiter vivre eux aussi cette expérience. En fin de compte, l’aîné peut avoir un sentiment d’injustice dans ces différences de traitement.
« Les aînés ont l’impression qu’ils ne peuvent pas compter sur le soutien des autres ou qu’ils doivent tout résoudre par eux-mêmes », explique par ailleurs Aparna Sagaram. Cela peut affecter leur travail et leurs relations. « Lorsque je travaille avec des aînés, c’est quelque chose que nous essayons de désapprendre. Il est normal de demander de l’aide, cela ne signifie pas que l’on est faible », souligne la thérapeute.
Ne pas tout réduire à un ordre de naissance
Attention néanmoins à ne pas tout résumer à son ordre de naissance. « C’est certainement un sujet dont beaucoup de gens parlent sur les réseaux sociaux, et il joue un rôle dans la façon dont nous sommes en tant que personnes et en particulier dans la relation avec nos parents », estime Aparna Sagaram, mais « ce n’est certainement pas le seul facteur ».
Quel que soit votre ordre de naissance, si vous avez des relations tendues avec des membres de votre famille, il y a des moyens d’essayer guérir la relation notamment grâce à la thérapie, promet-elle.
Car, après tout, on peut travailler sur la qualité de ses relations avec les autres, mais on ne peut pas changer son ordre de naissance dans une fratrie. « S’attarder sur quelque chose comme cela peut causer plus de problèmes », prévient la thérapeute.
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