Être gay après Orlando

Paris, le 29 juin 2013. La Gay Pride 2013 Le mot d’ordre de cette nouvelle gay pride est : « Droits des LGBT : allons au bout de l’égalité ». COMMANDE N° 2013-0705 ACCORDWEB

Pour l'écrivain américain Justin Torres, chaque homosexuel connaît «les règles de base de la sécurité», comme celle de ne pas se dévoiler trop vite. Scanner avant de séduire. Après la tuerie d'Orlando, la peur et la colère se mêlent et l'auteur Cédric Duroux rappelle que la frontière entre la peur d'être victime et la violence homophobe est plus que ténue.

Ce loup dans ma bergerie

«Les voisins demandent si on passe toujours boire l’apéro étant donné les circonstances.» Je ne comprends pas tout de suite. Mon copain me dit ça d’un air attendri, touché par ce petit excès de sollicitude de nos amis. Pour ma part, je ne suis pas loin d’être agacé qu’on pense que, forcément, cette tuerie nous touche plus parce que les victimes sont - comme nous - homosexuelles. Mais mes voisins n’ont-ils pas de bonnes raisons de penser que je devrais être particulièrement bouleversé ? Ai-je oublié que nous nous retrouvions justement ce dimanche-là pour trinquer à la publication de mon roman dont les personnages - homosexuels pour la plupart - trouvent refuge dans des clubs comme le Pulse ? Comment n’ai-je pas fait le lien avec l’intrigue qui précisément bascule lorsque deux d’entre eux sont passés à tabac en sortant d’une boîte gay ? Ça ne me ressemble pas.

Bien sûr que je devrais être effondré. C’est évident. Mais je dois bien m’avouer que cette fois-ci, je n’ai pas pleuré. Après les attentats de janvier, j’avais retenu mes larmes au bureau. La gorge serrée toute la journée, j’avais attendu d’être dans la rue, en chemin vers le rassemblement place des Terreaux, à Lyon, pour m’autoriser à chialer.

Pour ceux de novembre, c’était les grandes eaux. J’ai pleuré une bonne partie de la soirée, prenant mes amis dans mes bras, ne voulant plus les lâcher, leur disant que je les aimais. Ils me paraissaient tous tellement faciles à tuer, tout à coup, ces amis. Ils avaient ce truc au fond des yeux qui disait «on pourrait m’assassiner, moi aussi». Je me souviens m’être dit que rien ne (...)

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