Être un croquemort queer

La source

Die Zeit est “la” publication allemande de référence. Pointu et exigeant, ce (très) grand journal d’information et d’analyse politique, situé à Hambourg, paraît tous les jeudis. Il a été créé en 1946 dans la zone d’occupation britannique, après la défaite allemande au terme de la Seconde Guerre mondiale. Il appartient au groupe Holtzbrinck.

Toutes les semaines, nous publions un contenu de la série “En vrai, c’est comment”, qui présente de courts témoignages de personnes qui ont raconté à Die Zeit ce qui les enthousiasme dans leur métier ou leur passion.

Ma vocation ne m’est pas venue comme une révélation. Mais vers 15 ou 16 ans, je jouais de l’orgue à la messe, et à l’époque déjà, je préférais largement les obsèques aux baptêmes.

Je trouvais qu’il y avait quelque chose de réconfortant à voir toutes ces personnes rassemblées pour faire leurs adieux à un proche.

Quelques années plus tard, j’ai étudié la musique et la théologie, pour tenter de comprendre ce qui vient après la mort.

C’est tout à fait normal, pour moi, de dévoiler les détails de mon métier d’agent funéraire, que ce soit sur notre site Internet ou sur Twitter [désormais X].

Un refuge pour faire son deuil

D’ailleurs, quand je vais sur un site web, je commence toujours par jeter un œil à la rubrique “Qui sommes-nous ?”, pour savoir à qui j’ai affaire.

Dans une entreprise de pompes funèbres, en 2018.. PHOTO ALINE LAFOY/Hans Lucas /AFP
Dans une entreprise de pompes funèbres, en 2018.. PHOTO ALINE LAFOY/Hans Lucas /AFP

Dans mon métier, je dois faire preuve d’authenticité, et cela vaut aussi pour mon identité queer.

Mais qu’entend-on exactement par “funérailles queers” ?

C’est avant tout une cérémonie qui tient compte de la réalité du quotidien au sein de la communauté queer, souvent empreint d’une forme de honte, de peurs et de blessures.

Les personnes queers ont besoin d’un refuge pour faire leur deuil.

Un thanatopracteur à l’œuvre, à New York, en 2003.. PHOTO Ting-Li Wang/The New York Times
Un thanatopracteur à l’œuvre, à New York, en 2003.. PHOTO Ting-Li Wang/The New York Times

C’est aussi une cérémonie qui ne crée pas de hiérarchie entre les liens du sang et ceux du cœur. Toutes les formes de relation doivent y avoir leur place.

À chaque nouveau décès, je commence par interroger les proches pour mieux les connaître, mieux connaître le défunt, comprendre qui étaient les personnes importantes pour lui, ce qui est important pour eux.

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