Être en couple mais dormir avec un doudou ? Rien de plus normal pour ces adultes

Quino et Licorne
Quino et Licorne

COUPLE - « Avec mon ex, quand on passait à des choses un peu plus spicy, je tournais mon doudou pour ne pas qu’il nous voie, pour garder son innocence. » Du haut de ses 29 ans, Claire dort tous les soirs avec Chubby, un phoque en peluche de 60 cm. Les peluches et elle, c’est une histoire qui dure depuis qu’elle est petite, et qui continue aujourd’hui. « J’ai quatre sacs de 100 litres remplis de peluches chez moi », sourit-elle.

Le doudou est l’un des symboles de l’enfance. Sa survie à l’âge adulte pourrait sembler incongrue à certains. A-t-il sa place dans l’appartement d’un trentenaire ? Peut-on le garder quand on emménage en couple ? Pour les personnes qui ont témoigné auprès du HuffPost, la réponse à ces deux questions est résolument « oui ». Selon les propriétaires de Chubby, Doudounet, Quino et Licorne, loin d’être des tue-l’amour, ces vestiges de leur enfance sont une source de réconfort au quotidien et de complicité au sein de leur couple.

« Il absorbe toutes mes émotions »

Depuis 2020, Chubby a pris une importance particulière dans la vie de Claire. Offert par ses parents pendant le confinement, il ne l’a pas quittée depuis. « Il a la taille idéale pour être pris dans les bras, une texture fluffy comme on aime, même s’il a un peu morflé », décrit-elle, le mammifère marin dans les bras. « C’est un représentant de ma famille, un support émotionnel, surtout quand je suis loin. Il absorbe toutes mes émotions. »

Si la cohabitation entre Chubby et ses ex n’a pas toujours été simple, pour Claire, sa peluche « fait partie du package ». « Mon ex trouvait ça chou et il interagissait avec lui, donc c’était mignon. Mais avec celui d’avant, il fallait qu’il dégage du lit, se souvient-elle. Avec respect, je le posais de côté en m’excusant auprès de lui. »

Et si un partenaire lui demandait de choisir entre la peluche et lui, « c’est que ce ne serait pas le bon mec ». « J’espère trouver quelqu’un d’assez mature pour ne pas se sentir menacé par une peluche », glisse-t-elle.

Chubby
Chubby

« Je ne veux pas qu’il mette son odeur dessus »

Les doudous sont un sujet de conversation et de complicité pour Mona* et Victor*, 32 ans. Mona a dormi toute son enfance avec une couverture roulée et maintenue par deux élastiques. Au fil des années, l’objet s’est étiolé jusqu’à ne plus tenir qu’à un fil. Une cohabitation nocturne qui a dû cesser quand Mona a rencontré son ex à l’âge de 20 ans.

« Il n’était pas très doudou et on était trois dans le lit, donc je l’ai rangé dans mon tiroir à chaussettes, regrette-t-elle. Il m’avait dit qu’il était moche, il faut dire qu’il ressemble un peu à une serpillière. Mais je n’aurais pas non plus aimé qu’il mette son odeur dessus. »

Lorsqu’elle rencontre Victor, l’existence de son doudou, surnommé Doudounet, arrive rapidement sur la table. « Je lui en ai parlé au détour d’une conversation, ça l’a beaucoup fait rire, mais surtout ça l’a décomplexé pour me présenter le sien, Poufaloum », s’amuse Mona.

C’est le seul vestige de son enfance qu’a gardé Victor. Pourquoi ? « J’imagine qu’il y a une forme d’attachement émotionnel, admet-il. Mais je crois que c’est aussi pour son aspect incongru : il ressemble à la fois à une souris et un éléphant, un peu informe, rose, en nylon, il fait 50 cm et il a une chemise à jabot. »

« C’était important qu’il s’intéresse à mon doudou »

L’aspect un peu absurde de leurs doudous crée de la complicité entre eux. « Pour moi, c’était important que Victor s’intéresse à mon doudou. Quand j’ai su qu’il en avait un, c’est quelque chose que j’ai aimé chez lui : l’imaginer avec un doudou aussi moche, rose, énorme, l’originalité de son prénom. J’ai trouvé ça riche pour un enfant d’avoir inventé ça », se souvient-elle.

Depuis qu’ils ont emménagé ensemble, leurs doudous ne sont pas les seuls objets de la maison à qui ils ont donné vie : « Il y a Jean-Pierre le cale porte, Cousgous le basilic, Titeuf le cactus… énumère Mona. C’est un truc que je lui ai transmis et je sens qu’il est réceptif. »

S’ils ne dorment pas avec leurs doudous, ils font partie de leur quotidien imaginaire. « Notre amour n’est pas lié aux doudous, relativise Victor. Mais c’est marrant de voir comment on traite le sujet ensemble. Parfois, je fais des blagues sur le fait que Doudounet a été en partouze avec d’autres objets animés et ça ne plaît pas du tout à Mona. Pour elle, il n’a pas de sexualité. »

Doudounet et Poufaloum
Doudounet et Poufaloum

« On a chacun notre doudou, on est 4 dans le lit »

Clélia, 27 ans, a aussi eu la chance de rencontrer un partenaire sensible aux doudous. Depuis l’enfance, elle partage son lit avec un petit cheval en peluche, prénommé Quino. « Il y a six ou sept ans, j’ai vécu une rupture amoureuse difficile et mes parents m’ont acheté la réplique de mon doudou, en licorne. C’est devenu mon deuxième doudou, qui s’appelle Licorne », raconte-t-elle. Lorsqu’elle rencontre son copain actuel, elle décide de lui prêter Licorne, une « grande preuve de confiance ».

« C’était comme un jeu, un lien, même quand on n’était pas ensemble, notamment pendant le confinement, on avait chacun notre doudou de chaque côté, souligne-t-elle. Et quand on se retrouvait, on réunissait les doudous, on se disait qu’ils étaient contents de se retrouver. »

Depuis qu’ils ont emménagé ensemble, ils dorment à quatre, avec les doudous. Ils font partie de leur quotidien et quand l’un ou l’autre s’absente, il emporte son équidé en peluche. « On en parle au moins une fois par semaine, on les évoque. Par exemple, plutôt que de dire qu’on va se coucher, on dit qu’on va retrouver les doudous », conclut-elle en riant.

Quino et Licorne
Quino et Licorne

« C’est comme ça que j’ai vu que je n’étais pas rassurée dans mon couple »

Depuis la petite enfance, Garance*, 27 ans, est la propriétaire d’un petit canard en peluche « complètement déchiqueté ». Avec les années et une fois adulte, elle a gardé son doudou dans son lit mais ne le prenait plus vraiment dans ses bras. Jusqu’au moment où elle s’est mise en couple avec son ex, à l’âge de 23 ans. « Un jour, dans la nuit, mon copain a remarqué que je m’étais retournée, que j’avais pris mon canard et que j’avais dormi avec lui contre moi, se souvient-elle. J’ai trouvé ça très bizarre, parce que cela faisait des années que ça ne m’était pas arrivé. »

Perturbée par son propre comportement, elle en parle alors avec sa psy. « Elle m’a fait comprendre que c’était un signe que je n’étais pas rassurée dans mon couple, explique-t-elle. C’était mon premier vrai mec, c’était la première fois que j’avais quelqu’un qui entrait dans ma zone très perso. » Au bout de deux ans, le couple se sépare. « On a reparlé de cette histoire de doudou, et on s’est dit que c’était un peu symptomatique du fait que ça n’allait pas entre nous », conclut-elle. Aujourd’hui, elle dort toujours avec le canard serré contre elle.

« Je me pose la question de savoir si je pourrais m’en passer, avec quelqu’un avec qui ça se passe bien, explique-t-elle. Peut-être, mais je ne sais pas si quelqu’un peut remplacer mon doudou. On verra si ça devient un détecteur de relation qui va durer ! »

*Les prénoms des personnes interrogées ont été modifiés à leur demande.

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