Éviction du directeur de la PJ de Marseille: des juges d'instruction dénoncent une décision "autoritariste"

Éviction du directeur de la PJ de Marseille: des juges d'instruction dénoncent une décision "autoritariste"

Un départ qui fait réagir. Des juges d'instruction dénoncent ce vendredi via un communiqué l'éviction du directeur de la police judiciaire de Marseille Éric Arella, annoncée un peu plus tôt dans la journée. Selon l'Association française des magistrats instructeurs (Afmi), cette décision est "inquiétante" et reflète un "mode de gestion autoritariste".

"Cette décision hâtive et manifestement prise en réaction à l'accueil réservé au DGPN par les fonctionnaires de police de ce service (...) est inquiétante et significative d'un mode de gestion autoritariste, qui ne tolère aucune manifestation d'opposition et interdit tout réel débat interne", indique l'Afmi.

Dans un communiqué distinct, les juges d'instruction de Marseille ont, eux, indiqué avoir appris "avec stupeur" l'éviction d'Éric Arella et expriment leur "vive inquiétude" à l'égard du projet de réforme de la PJ, contesté par la majorité de ce corps d'enquête.

"Les juges d'instruction de Marseille tiennent à exprimer leur vive inquiétude à l'égard de cette réforme qui aura pour conséquence de remettre en cause leurs capacités d'action dans le cadre des affaires criminelles les plus complexes, les plus graves et les plus sensibles", indiquent les juges d'instruction de Marseille.

Une "haie de déshonneur"

L'annonce de l'éviction du patron de la PJ marseillaise a fait l'effet d'un coup de tonnerre, après que des centaines de policiers sont descendus dans la rue jeudi pour s'opposer à la réforme de la PJ. De nouveaux appels à manifester ont été immédiatement lancés ce vendredi.

Ce limogeage est en partie lié aux résultats sur la délinquance à Marseille, mais arrive également un jour après la diffusion d'une vidéo montrant un accueil glacial fait à Frédéric Veaux, le patron de la police nationale, venu vendre la réforme de la police judiciaire.

Lors de cette manifestation, les policiers de la police judiciaire de Marseille ont réalisé une "haie de déshonneur" au patron de la police nationale. Quelques 200 officiers de la PJ avaient auparavant manifesté devant l'hôtel de police de Marseille.

"C'est une honte, on lui fait porter le chapeau. Il a toujours été loyal. Et ce sont la quasi totalité des responsables qui sont contre cette réforme", voulue par le gouvernement, a déploré une source de la PJ à Marseille à l'Agence France-Presse (AFP).

"On lui reproche le coup de force des officiers hier", a également commenté une autre source policière locale.

En fonction depuis 2015, Éric Arella va désormais occuper le poste de chargé de mission à la direction de la police nationale. Son remplaçant est déjà connu, il s'agira de l'ancien attaché de sécurité intérieure à Alger Dominique Abbenanti.

Article original publié sur BFMTV.com