Évasion de Fleury-Mérogis: comment sont encadrées les sorties de détenus?
Deux détenus qui s'évadent lors d'une randonnée pédestre dans la forêt de Fontainebleau. L'information interroge, et pourtant, c'est au terme d'un processus de sélection long et très encadré qu'ils avaient été choisis pour participer à cette activité.
Mercredi, ce sont huit détenus qui avaient obtenu l'accord pour réaliser cette activité en forêt de Fontainebleau, en Seine-et-Marne. Au milieu de la sortie, deux détenus ont prétexté la nécessité d'aller uriner, ils se sont éloignés, prétextant une envie pressante, et se sont enfuis. Ils sont toujours en fuite.
Organisées pour favoriser la réinsertion des détenus, les permissions de sortie sont de deux types: les permissions accordées individuellement au détenu, pour favoriser les liens familiaux, par exemple pour aller à l'enterrement d'un proche, soit dans le cadre d'une démarche professionnelle pour préparer sa sortie.
"Erreur de casting"?
D'autres permissions sont accordées, cette fois-ci collectivement, que ce soit pour des activités physiques ou culturelles. Elles ne concernent que les personnes condamnées définitivement. La décision, dans un cas comme dans l'autre, est prise au terme d'un processus de sélection. Côté administration pénitentiaire, il y a une sorte d'appel à candidatures auprès des détenus. Une première sélection est ainsi établie par le responsable du bâtiment où le détenu est incarcéré qui regarde le comportement.
Le service pénitentiaire d'insertion et de probation regarde de son côté les démarches engagées par le détenu en termes d'études ou de recherches d'emploi. Une forme de gage pour la réinsertion. La durée de peines restant à effectuer est également pris en compte. Dans le cas des détenus évadés de Fleury-Mérogis, l'un avait été condamné pour infraction à la législation sur les stupéfiants et était libérable en 2024. L'autre, reconnu coupable d'exhibition et d'agression sexuelle, devait sortir en 2026.
Enfin, c'est le juge d'application des peines, après avoir entendu le parquet et l'administration pénitentiaire, qui tranche. "Les détenus choisis sont considérés comme ne faisant pas porter de risques à la société", prévient Ivan Gombert, le secrétaire national du syndicat FO des directeurs des services pénitentiaires
"Le risque d’évasion n’a pas été évalué comme probable", estime pour sa part Aurélie Roudier-Pascal, membre du même syndicat.
"Dans le cas présent, soit il y a eu une erreur de casting, soit il faut prendre en compte le facteur humain, et le détenu qui ne présente pas de risque d'évasion mais on ne sait pas pourquoi, il en a l'occasion, et prend la fuite", note Wilfried Fonck, le secrétaire national UFAP-UNSA Justice.
Des détenus qui ne font pas porter de risques à la société
"L’aménagement de peine est aussi une tentative de réinsérer les détenus et on ne peut pas s’en passer", plaide Aurélie Roudier-Pascal. D'autant que ce type d'évasion n'est pas si fréquent. "C'est le 1% qui se passe mal, quand ça se passe bien dans 99% des cas", note le responsable syndical.
La question de l'encadrement se pose également après cette double évasion. La règle est d'un surveillant pour deux détenus, c'était le cas mercredi en forêt de Fontainebleau. Il arrive parfois que ce ratio soit d'un sur trois. Il est aussi possible que le détenu ne soit pas accompagné quand il s'agit de permission individuelle pour aller voir sa famille. "On part du principe que c'est une activité avec un caractère de réinsertion, que c'est une manière de reprendre un peu pied dans la vie extérieure", poursuit Wilfried Fonck pour expliquer ce ratio.
À ce titre, et parce que légalement, ça leur est interdit, les surveillants ne portent pas d'arme. Comme il n'en porte pas dans l'enceinte de la prison, ce matériel pouvant être utilisé contre eux en cas d'agression. Ce n'est seulement que lors des extractions que les agents sont habilités à porter une arme.