Les évangéliques à la conquête du Portugal
Un attroupement de fidèles dessine une immense croix en couverture de Sábado, qui titre : “Le pouvoir des évangéliques au Portugal”. En sous-titre, l’hebdomadaire portugais précise : “Le nombre de croyants et d’églises a plus que doublé – notamment à Lisbonne, à Braga et en Algarve – et les réseaux sociaux appellent à voter pour la droite radicale : le leader du parti ADN [Alternative démocratique nationale, extrême droite populiste] a prononcé des discours dans des temples bondés, Chega [autre parti d’extrême droite] compte deux députés évangéliques et le pasteur de Bolsonaro [ex-président brésilien] veut en faire la porte d’entrée de son Église en Europe.”
Selon le recensement de 2021, le Portugal compte un total de 187 000 évangéliques, soit 2,1 % de la population. Un chiffre qui a plus que doublé en dix ans. Par ailleurs, selon la Commission pour la liberté religieuse, sur les 50 églises nouvellement ouvertes dans le pays, 90 % sont évangéliques. Les quelque 400 000 Brésiliens qui vivent désormais au Portugal, selon les estimations, y sont pour quelque chose : ils représentent 61,3 % de ceux qui ont commencé à fréquenter ces temples au cours des trois dernières années.
“La nouvelle vague d’immigration brésilienne a une tradition d’implication dans la politique et alimente” les partis de droite radicale, notamment Chega et l’ADN, constate Donizete Rodrigues, professeure d’anthropologie et de sociologie à l’université de Beira Interior. Interrogée par Sábado, la chercheuse poursuit : “Aujourd’hui, le travail le plus important se fait sur les réseaux sociaux, où sont diffusées les vidéos du clan Bolsonaro, qui soutient André Ventura [le leader de Chega].”
Liens avec la politique
Chega, qui a plus que quadruplé son nombre de sièges au Parlement lors des législatives de mars dernier (de 12 à 50), compte désormais deux députés évangéliques, Daniel Teixeira et Pedro Correia. Si l’ADN n’a pas remporté de siège lors du scrutin, le parti a présenté trois têtes de liste évangéliques, et les 100 000 voix qu’elle a réunies (probablement en bénéficiant de la confusion avec l’acronyme AD, le principal parti de droite modérée) l’ont fait sortir d’un quasi-anonymat.
[...] Lire la suite sur Courrier international