Événements annulés, plannings modifiés... Les maires face au casse-tête de l'organisation des législatives

"Je ne vous cache pas que dimanche soir quand on a entendu l’annonce de la dissolution de l’Assemblée, on s’est tous regardés et on s’est dit qu’il allait falloir être agile." Dimanche 9 juin, 21 heures, Emmanuel Macron annonce la tenue d'élections législatives anticipées les 30 juin et 7 juillet. Au-delà du séisme politique provoqué par cette annonce, il s'agit pour les élus locaux d'un véritable casse-tête organisationnel.

"Ces élections sont malvenues, s'organiser en si peu de temps...", déplore Laurent Peyrondet, maire divers droite de Lacanau. "Il y a les manifestations culturelles, sportives qui débutent, les fêtes scolaires, la saison touristique qui démarre. On est bien embêté."

"Les maires sont débrouillards"

Dans un communiqué diffusé ce lundi, l'Association des maires de France (AMF) s'alarme de l'annonce "soudaine" d'Emmanuel Macron de convoquer ces élections et évoque "un délai inédit dans l'histoire de la République". L'AMF dit "regretter que, ni les modalités pratiques de mise en oeuvre de sa décision, ni la pression qu'elle fait peser sur les communes n'aient été prises en compte". Elle déplore également que "l'exécutif ne semble pas avoir pleinement conscience" des contraintes pesant sur les communes actuellement.

Depuis dimanche soir et l'annonce du chef de l'État, les équipes municipales se creusent la tête et travaillent sur les plannings pour intégrer ces deux rendez-vous électoraux dans le calendrier déjà bien rempli de cette période.

Chez tous les élus interrogées par BFMTV.com, le maître-mot est "adaptation". "On est dans une position hybride", note Frédéric Augis, maire Les Républicains de Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire). "Comme nous n’avons pas le choix, nous allons nous adapter."

"Les maires sont débrouillards, dans la ruralité. Nous sommes républicains, on fera en sorte que ces élections se tiennent", assure Alain Astruc, maire de Peyre-en-Aubrac, en Lozère, et président de l'antenne locale de l'AMF. "On sera là pour répondre présent."

Des manifestations annulées

La première préoccupation est de s'assurer que les lieux où se tiennent les bureaux de vote soient disponibles lors de ces deux rendez-vous électoraux. À Lacanau, on vote dans deux endroits: dans la salle des fêtes de la ville et dans la salle de spectacle L'Escoure.

"Le gros problème, ce sont les salles où il y avait des manifestations prévues", relève le maire de Lacanau. "Nous essayons de trouver des solutions pour ne pénaliser personne. Des séances de cinéma vont être annulées, des expositions écourtées..."

Par ailleurs, des événements seront annulés et même des conseils municipaux reportés. "La salle du Conseil municipal sert aux équipes pour préparer les élections, rassembler les bulletins de vote, il a fallu qu’on décale le conseil municipal d’une semaine", explique le maire de Joué-lès-Tours. "Il a fallu bouger quelques assemblées générales qui se tenaient dans les lieux où se tiendront les bureaux de vote."

Moins de 48 heures après l'annonce de la tenue de ce double scrutin, de nombreuses questions ont déjà été réglées. "Mais nous avons encore une interrogation", note Frédéric Augis. "Le 7 juillet, c’est la veille du 8 et l'ouverture du centre scolaire, or nous avons trois bureaux de vote dans la salle du centre de loisirs. Il va falloir s’organiser dans la nuit."

"On va y arriver"

Et pour celà, il va falloir gérer une autre question, celle des ressources humaines. Déjà pour s'assurer qu'il y aura assez d'assesseurs pour tenir les bureaux de vote. "Les présidents de bureau de vote ont déjà contacté leurs habitués, ils répondront présents", se félicite le maire de Joué-lès-Tours.

Il faudra aussi suffisamment d'agents pour organiser ces élections. "Il y a une mobilisation importante des personnels, alors qu'ils sont déjà bien occupés", note Laurent Peyrondet, le maire de Lacanau.

"Nous devons revoir les plannings, mobiliser des agents qui ne devaient pas l’être sur ces week-end ou à cette période."

Et tout ceci à un coût. L'organisation des élections européennes avait déjà nécessité de nombreux investissements, en temps, en personnes et en moyens. "Dans certaines petites communes, il n’y avait même pas assez de panneaux, il a fallu en acheter", rappelle Alain Astruc, l'élu de Lozère. "Certains maires ont fabriqué des panneaux eux-mêmes."

Et pour ces deux nouvelles journées d'élection? "Ça va nous coûter 50.000 euros", calcule Frédéric Augis, additionnant notamment les salaires des collaborateurs, des agents en charge de la logistique et des secrétaires administratives.

Une administration que tous les élus saluent. "Dans les petites communes, le maire ne peut compter que sur les secrétaires de mairie et elles répondent à chaque fois présentes", se félicite Alain Astruc. Son collègue de Joué-lès-Tours abonde. "On a la chance d’avoir une belle administration, c’est la magie de la France. Une administration qui s’adapte et qui se dit 'on va y arriver'", s'enthousiasme Frédéric Augis.

Pour preuve, au Grand-Village-Plage, sur l'île d'Oléron, tout est déjà organisé. "Nous n’avons qu’un seul bureau de vote", explique un élu. "Les panneaux électoraux ont été retirés lundi matin, ils seront remis la semaine prochaine."

Article original publié sur BFMTV.com