Les étudiantes infirmières sont trois fois plus nombreuses qu'en 2011 à abandonner la première année

10% des étudiantes infirmière en première année ont abandonné ces études en 2021, contre 3% en 2011, selon une étude de la Drees publiée ce jeudi. Les étudiants mettent en avant des conditions de formations dégradées et des indemnités de stage trop faibles.

Le nombre d'étudiantes infirmières augmente... mais le taux d'abandon aussi. La Drees, la direction des études du ministère de la Santé, a publié ce jeudi une étude sur les abandons en formation d'infirmière entre 2011 et 2021. Le constat est sans appel: alors qu'en 2011, 3% des étudiantes en formation d'infirmière ont abandonné ces études en première année, ce taux s'élève à 10% en 2021.

Le nombre d'abandons est particulièrement élevé la première année mais le phénomène concerne les trois années d'études. "Sur l’ensemble de la scolarité de la promotion entrée en 2018, 14% des étudiantes ont abandonné leurs études, soit 3 points de plus que pour la promotion 2011", souligne aussi la Drees.

Les hommes ne représentaient que 13% de la promotion 2021, "mais ils abandonnent plus fréquemment leur formation en cours de scolarité", affirme la Drees. L'étude note que la hausse du taux d'abandon touche aussi les formations des aides-soignantes, des manipulatrices d'électroradiologie médicale ou encore les pédicures-podologues, mais est "resté stable pour les masseurs-kinésithérapeutes et les sages-femmes".

Une "dégradation des conditions de formation"

La Fédération nationale des étudiant.e.s en sciences infirmières (Fnesi) juge que cette hausse du taux d'abandons s'explique par "une dégradation des conditions de formation". Lors des stages, les étudiantes font face à un "manque d'encadrement qui va parfois jusqu'au harcèlement", avec un personnel soignant qui manque de moyens et donc de temps pour s'occuper des étudiantes, affirme-t-elle à BFMTV.com.

La Fnesi dénonce une "formation théorique qui ne répond pas aux besoins sur le terrain" et demande un nouveau référentiel de formation. La fédération déplore aussi la précarité des étudiantes infirmières, avec des indemnités de stage de 36 euros par semaine en première année, 46 euros en deuxième année et 60 euros en troisième année.

En janvier, le ministre de la Santé, François Braun, a dit refuser de se "résoudre à ce qu’autant d’étudiants infirmiers abandonnent leur cursus". Il a déclaré vouloir travailler sur "la sécurisation des parcours et la qualité de vie étudiante". Pour ce faire, le ministre a évoqué "l’intégration du mentorat dans les formations d’ici la rentrée de septembre, l’encouragement et la meilleure reconnaissance du tutorat, et le déploiement plus dynamique des dispositifs tels que les cordées de la réussite".

Des changements dans la procédure sur Parcoursup ?

François Braun a aussi annoncé des "propositions d'ici l'automne" concernant la procédure sur Parcoursup. Les formations en soin infirmiers dans les Ifsi sont proposées sur la plateforme Parcoursup depuis 2019, alors qu'elles faisaient l'objet d'un concours jusqu'alors.

Résultat: "Depuis 2019, le nombre d’étudiantes en première année de formation d’infirmière progresse fortement pour atteindre près de 35 500 en 2021, après être resté globalement stable dans les années 2010, autour de 31 000", selon la Drees.

Mais la Fnesi n'est pas favorable à un changement de la procédure sur Parcoursup pour les études d'infirmière et estime qu'il existe un "problème d'orientation des lycéens en général". Elle a appelé à une journée de mobilisation ce vendredi "pour déplorer un système de soin ne répondant plus aux attentes".

Article original publié sur BFMTV.com

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