Les étudiantes infirmières abandonnent trois fois plus qu’il y a dix ans

10 % des étudiants en première année de formation d’infirmier ont abandonné leur parcours en 2021, contre 3 % en 2011.
10 % des étudiants en première année de formation d’infirmier ont abandonné leur parcours en 2021, contre 3 % en 2011.

ÉTUDIANTS - Elles sont trois fois plus nombreuses à jeter l’éponge. Selon une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), publiée ce jeudi 11 mai 2023, 10 % des étudiantes en première année de formation d’infirmière ont abandonné leur parcours en 2021, contre 3 % en 2011. Résultat de cette évolution, le nombre de diplômées par an a baissé de 7 % entre les années 2010 et 2021.

Ces abandons plus nombreux ont été partiellement compensés par l’augmentation du nombre d’inscrites : 35 500 élèves en première année de formation en 2021 alors que ce chiffre était stable - autour de 31 000 - dans les années 2010. L’étude ne dit rien, en revanche, sur les étudiantes qui renoncent à s’installer après avoir eu leur diplôme.

Des erreurs d’orientation

Sur l’ensemble d’un cursus classique d’une durée de trois ans, le taux d’abandon pour la dernière promotion étudiée, celle de 2018, atteint 19 % chez les hommes contre 13 % pour les femmes et 14 % pour l’ensemble de la promotion, précise l’étude. « La plupart des abandons sont dus à des erreurs d’orientation », selon Michèle Appelshaeuser, présidente du CEFIEC (Comité d’Entente des Formations Infirmières et Cadres), que nous avons contactée par téléphone.

« Il y a un nombre important d’étudiants qui décrochent les deux premiers mois. Ils ne se rendent pas compte du niveau demandé », poursuit-elle. En cause ? « Le décalage entre le discours qui est tenu dans les lycées et la réalité. Le corps professoral oriente les jeunes lycéens vers cette formation sans en connaître les contraintes, comme le niveau de maths, par exemple, qui est relativement élevé », analyse-t-elle.

Un problème d’accueil dans les stages

Autre raison à ces abandons, en lien cette fois avec la dégradation des conditions de travail dans les hôpitaux : « Il y a eu une augmentation du quota de stages des étudiants infirmiers. Mais, dans certains hôpitaux, faute de moyen en ressources humaines, des places de stages ferment. Il y a donc de plus en plus d’étudiants dans les lieux de stage qu’il reste. Ce qui participe à l’épuisement des professionnels. Ils travaillent à flux tendu et n’ont pas spécialement de temps à consacrer aux stagiaires, toujours plus nombreux. »

Résultat, les étudiants sont « mal accueillis et accompagnés » quand ils arrivent en stage. « Pour apprendre à s’occuper de malades graves, il faut être accompagné. Ce n’est pas évident à 18 ans d’aller dans un service de soins et de ne pas être considéré », plaide la présidente du CEFIEC avant de proposer : « Il faudrait mieux accompagner les professionnels qui encadrent les étudiants et dégager du temps dédié pour eux. »

Des abandons dans d’autres cursus

Michèle Appelshaeuser évoque également des raisons financières pour justifier ces départs : « Certains étudiants s’arrêtent pendant une année de formation, car ils ont des problèmes financiers, travaillent et reprennent après. »

L’étude de la DRESS note également une forte disparité au niveau des régions. Les abandons pour la promotion 2018 sont de 19 % en Normandie et de 18 % dans les Pays de la Loire, tandis que la Provence-Alpes-Côte-d’Azur n’est touchée que par 8 % d’abandons.

Ces abandons affectent également d’autres secteurs de formations. Ainsi, une étudiante sur 10 en formation d’aide-soignante ou de manipulatrice d’électroradiologie a abandonné ses études en 2021, par exemple.

Cette étude a été réalisée grâce à l’enquête « Écoles », qui recueille les données annuelles sur les écoles de formation aux professions de santé. À cela s’ajoutent les données de l’enquête « Étudiants » - annuelle de 2003 à 2017 et quadriennale depuis 2022 - qui apporte des données sociodémographiques des étudiants en formation aux professions sanitaires et sociales.

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