Contraception : Aux États-Unis, l’influence des YouTubeuses pointée du doigt dans cette étude

School nurse giving sex education

Des chercheuses américaines ont analysé le discours de youtubeuses sur la contraception. Elles sont nombreuses à conseiller l’arrêt de la pilule, sans forcément offrir d’alternative viable.

SEXUALITÉ - Les influenceuses sont-elles de bon conseil ? Selon une étude américaine publiée ce lundi 16 janvier dans la revue Health Communication, pas nécessairement. Alors que l’accès à l’avortement est désormais interdit ou restreint dans de nombreux États américains, des chercheuses en communication de l’université du Delaware s’inquiètent de l’influence des youtubeuses sur le choix de la contraception. Ces dernières auraient tendance à communiquer des informations inexactes ou imprécises au sujet de la contraception hormonale et de ses alternatives, exposant certaines jeunes à des grossesses non planifiées.

Pour en arriver à ces conclusions, Emily J. Pfender et M. Marie Devlin ont étudié 50 vidéos postées sur YouTube entre décembre 2019 et décembre 2021 par des comptes ayant entre 20 000 et 2,2 millions de d’abonnés. Selon leurs conclusions, ces profils seraient plus susceptibles de donner des informations sur l’arrêt de la contraception hormonale - comme la pilule, les injections ou les implants - plutôt que sur des alternatives pour avoir des rapports sexuels protégés.

Les contraceptions hormonales

92 % des youtubeuses étudiées affirment utiliser ou avoir utilisé une contraception hormonale mais 74 % déclarent avoir arrêté ou prévoir d’arrêter. Les raisons invoquées pour justifier cet arrêt ? Le désir d’être « plus naturelle » et d’améliorer sa santé mentale. Ces influenceuses font ainsi partie des nombreuses femmes qui remettent de plus en plus en question la contraception hormonale, notamment la pilule. Sa popularité est par exemple en nette diminution en France, passant de 45 % en 2010 selon une étude de Santé Publique France à 37 % en 2018, selon une enquête de l’Ifop. 38 % des femmes ayant arrêté la pilule affirment l’avoir fait pour éviter les risques qu’elle peut avoir sur la santé.

Mais parmi les youtubeuses étudiées, peu déclarent être passées à une méthode alternative après avoir arrêté de prendre un contraceptif hormonal. Seulement 20 % sont passées à une contraception non hormonale et 14 % ont testé une autre méthode avec des hormones. L’une des autrices de l’étude, Emily Pfender, alerte : « L’arrêt d’une contraception hormonale est risqué car il augmente la probabilité d’une grossesse non planifiée. »

Elle estime même que « les vidéos d’influenceuses qui découragent l’utilisation d’une option très efficace sans encourager à utiliser une autre forme de protection pour prévenir les grossesses et les infections sexuellement transmissibles constituent un problème de santé publique ».

Le suivi des cycles très populaire

Quid des contraceptions non hormonales ? 40 % des influenceuses ont déclaré utiliser, ou avoir utilisé, l’une de ces méthodes. Elles vantent une contraception qui « aide à prévenir les grossesses, est plus naturelle, a moins d’effets secondaires et qui est plus économique », selon l’étude.

L’utilisation d’applications de suivi de la fertilité est d’ailleurs la méthode la plus plébiscitée par ces youtubeuses. Ce qui inquiète les chercheuses. « Le suivi des cycles n’est peut-être pas aussi efficace pour prévenir les grossesses que le contrôle hormonal des naissances », avertit Emily Pfender.

« De plus, ce que les jeunes téléspectateurs ne voient pas dans le contenu des influenceuses, c’est la quantité d’efforts et la planification méticuleuse qui sont nécessaires pour suivre les cycles », continue-t-elle.

« Les femmes doivent mesurer fidèlement la température basale du corps (la température la plus basse de votre corps lorsque vous êtes au repos, ndlr) et la viscosité de la glaire cervicale à la même heure chaque jour, suivre la durée du cycle pour calculer leur fenêtre fertile et s’abstenir d’avoir des rapports sexuels certains jours », décrit-elle.

Des influenceuses très… influentes

Le discours des influenceuses est exacerbé par leur forte popularité, surtout auprès des jeunes. Selon des études antérieures citées par les chercheuses, les influenceurs et influenceuses seraient même plus persuasifs que les célébrités traditionnelles en raison de leur accessibilité. Les youtubeurs partagent souvent des informations personnelles, ce qui renforce les liens avec les communautés.

Les chercheuses notent également que les jeunes considèrent les influenceurs « comme très dignes de confiance ». Mais l’étude ne fournit pas d’informations sur les personnes qui regardent ces vidéos ou si elles sont plus efficaces que d’autres.

Pour les autrices de l’étude, les réseaux sociaux restent néanmoins utiles comme source d’information, mais les jeunes « doivent considérer avec prudence les conseils des influenceuses en matière de contraception ».

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