Aux États-Unis aussi, l’oligarchie prospère

“Qu’ils mangent de la brioche !” serait-on tenté de s’exclamer en voyant la dernière une du magazine californien de gauche Mother Jones, tant sa couverture, dessinée par l’illustrateur Tim O’Brien, évoque le faste décadent de la cour de Versailles.

Mais en lieu et place des têtes couronnées siègent au centre Donald Trump, tel le Roi-Soleil, et Elon Musk, le puissant patron de Tesla et de X, qui se cache sous la perruque poudrée d’une (possible) Marie-Antoinette.

“Nous parlons tout le temps du président russe, Vladimir Poutine, et de ses amis oligarques, mais pour des raisons évidentes nous ne parlons pas d’oligarchie aux États-Unis.” Cette citation du sénateur socialiste du Vermont Bernie Sanders rapportée par le journaliste de Mother Jones Tim Murphy, qui signe l’un des articles figurant dans le dernier numéro du magazine, illustre, fort à propos, le thème du tentaculaire dossier que le bimensuel californien de gauche consacre aux ploutocrates américains, cette petite clique de nantis qui exercent, par leur argent, une influence sur la politique.

Pour le magazine américain, “les oligarques américains, tout comme ceux de la Russie, sont à la fois le résultat d’une défaillance du système et les ingénieurs de cette défaillance”. Et ils évoluent “dans beaucoup des mêmes cercles, note Mother Jones, ils garent leurs yachts dans les mêmes marinas, se concurrencent pour acquérir les mêmes biens immobiliers d’exception et les mêmes œuvres d’art et cachent leur fortune derrière les mêmes coussins” métaphoriques.

Mais il y a quelque chose de nouveau à l’œuvre ici. Cette oligarchie américaine “offre une variante du pillage des biens communs qui a donné naissance à celle de la Russie. Elle repose sur un autre type de ressource, non pas sur le nickel, la potasse ou le pétrole, mais sur vous : vos données, votre attention, votre argent.”

Et le magazine d’asséner que les hommes (en grande majorité) qui la composent “exultent de leur statut quasi divin face aux politiciens qu’ils financent, aux plateformes qu’ils possèdent et aux industries qu’ils ont de facto monopolisées”.

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