Aux États-Unis, l’Alabama procède à sa première exécution d’un condamné à mort par inhalation d’azote

Dans l’Alabama, la première exécution de l’année 2024 a été réalisée à l’aide d’une méthode inédite et encore jamais testée selon l’ONU : l’hypoxie à l’azote. (Photo d’illustration)
KAMIL KRZACZYNSKI / AFP Dans l’Alabama, la première exécution de l’année 2024 a été réalisée à l’aide d’une méthode inédite et encore jamais testée selon l’ONU : l’hypoxie à l’azote. (Photo d’illustration)

ÉTATS-UNIS - Un « mode d’exécution inédit et non testé ». Malgré les craintes de l’ONU, l’État de l’Alabama a procédé ce jeudi 25 janvier à l’exécution de Kenneth Eugene Smith par inhalation d’azote. Une méthode de mise à mort testée pour la première fois dans le monde.

Peine de mort : en Alabama, cette nouvelle méthode d’exécution alarme les défenseurs des droits humains

Condamné en 1996 à la peine de mort pour le meurtre d’une femme commandité par son mari, Kenneth Eugene Smith est décédé au pénitencier d’Atmore à 20H25 locales (02H25 GMT vendredi). Sa mort sera finalement survenue près d’une demi-heure après le début de l’exécution.

Cette exécution inédite par sa méthode a été largement saluée par Steve Marshall, procureur général d’Alabama, qui estime que l’État américain a « accompli quelque chose d’historique ».

« Justice a été rendue. Ce soir, Kenneth Smith a été mis à mort pour l’acte abject qu’il avait commis il y a 35 ans », a ajouté Steve Marshall. De son côté, le condamné de 58 ans aurait déclaré lors de sa dernière prise de parole que « l’Alabama a fait faire un pas en arrière à l’humanité », selon un journaliste de CBS présent sur place.

Une lente agonie

Aux États-Unis, cette exécution est la première de l’année, alors que 24 avaient été effectuées en 2023, toutes par injection létale. Pour autant, l’utilisation de la méthode par inhalation d’azote ce jeudi met fin à 40 années sans nouvelle expérimentation inédite sur des condamnés à mort.

Une fracture qui inquiète tout particulièrement les Nations Unies. Et comment ne pas les comprendre au regard de la description des derniers instants de vie de Kenneth Eugene Smith.

Cette photo de l’administration pénitentiaire de l’Alabama montre le condamné à mort Kenneth Eugene Smith, dont l’exécution était initialement prévue le 17 novembre 2022 par injection létale.
HANDOUT / AFP Cette photo de l’administration pénitentiaire de l’Alabama montre le condamné à mort Kenneth Eugene Smith, dont l’exécution était initialement prévue le 17 novembre 2022 par injection létale.

Selon des témoins cités par le média local AL.com, le condamné « a commencé à se tordre et se débattre pendant approximativement deux à quatre minutes, suivies d’environ cinq minutes de respiration bruyante ». Il semble avoir « retenu sa respiration aussi longtemps qu’il le pouvait », a précisé à la presse le commissaire de l’administration pénitentiaire de l’Alabama John Hamm.

Parmi les trois États américains autorisant ce mode d’exécution, l’Alabama a été pointé du doigt en raison de l’absence de sédation du condamné. Ce que recommande pourtant l’Association américaine vétérinaire lors de l’euthanasie d’un animal à l’aide de ce même procédé.

Une méthode proche de la « torture »

Dès le 16 janvier, le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme avait partagé ses très vives inquiétudes sur cette expérimentation inédite. Il se disait même « alarmé » par l’utilisation d’un « mode d’exécution inédit et non testé ».

Porte-parole du Haut-Commissariat, Ravina Shamdasani va même plus loin en estimant que l’inhalation d’azote « pourrait constituer de la torture ou d’autres traitements cruels ou dégradants au regard du droit international ». L’instance onusienne avait donc appelé à un sursis pour cette exécution.

Des arguments qui tranchent forcément avec ceux de l’État de l’Alabama, qui présente l’hypoxie (raréfaction d’oxygène) à l’azote comme « le mode d’exécution le plus humain jamais inventé ». Un argument d’ailleurs présenté par écrit à la Cour suprême après un ultime recours de Kenneth Eugene Smith devant la plus haute juridiction du pays. Saisie du dossier, la Cour suprême -à majorité conservatrice- a décidé de ne pas y donner suite.

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