Aux États-Unis, un filtre TikTok réveille “l’obsession nationale pour la jeunesse”

Voir son visage se garnir de rides grâce à un filtre, telle est la dernière tendance hyperréaliste du moment sur TikTok. Si la plateforme chinoise n’est pas la première à créer un filtre de ce genre, elle “se distingue parce qu’elle prédit de quoi l’utilisateur aura l’air plus tard en faisant appel à l’intelligence artificielle”, précise The Washington Post.

Le hashtag #agedfilter [“filtre vieillissement”], qui accompagne les vidéos, a été utilisé plus de 169 millions de fois en moins d’une semaine. “Le filtre s’est tellement répandu que même la femme d’affaires et millionnaire Kylie Jenner, 25 ans, l’a essayé”, poursuit le quotidien américain. Face à son visage altéré par les années, la réaction de la jeune femme a été catégorique : “Je n’aime pas ça du tout. Non. Non.”

La star américaine est loin d’être la seule à refuser la façon dont la vieillesse transforme son corps. Tatyana Latafa, une influenceuse beauté de 26 ans, a elle aussi essayé le filtre. “Je ne dis pas que j’ai peur de vieillir mais je peux vous dire que je vais me faire du Botox jusqu’à ma mort parce que pas question”, a soutenu la créatrice de contenu, citée par le titre américain.

Obsession pour la jeunesse

Car s’il est inoffensif, le filtre de l’application chinoise réveille en réalité une des peurs les plus anciennes de notre société : vieillir. Prendre de l’âge, et que cela se voie physiquement, va à l’encontre de “l’obsession nationale pour la jeunesse” prédominante aux États-Unis.

Bien que la peur de devenir vieux remonte au moins au début du XIXe siècle, ce n’est que récemment que l’idée de “bien vieillir” s’est développée. Sarah Lambs, professeure en psychologie du vieillissement à l’université Brandeis, dans le Massachusetts, détaille :

“On a vu se développer l’idée que quelqu’un de bien prendra soin de son corps pour ne pas être une charge pour sa famille ou la société. C’est de là que viennent l’anti-obésité et l’anti-vieillissement.”

Pour autant, difficile de résister à la tentation de savoir ce à quoi l’on ressemblera dans quelques dizaines d’années, souligne de son côté Monica Kieu, spécialiste de la chirurgie plastique du visage en Californie : “Si [ce filtre] est viral c’est parce qu’il joue sur une peur fondamentale de l’être humain […], la peur de la mort. Il nous rappelle que nous sommes humains.”

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