Aux États-Unis, un champignon parfois mortel, et se développant à toute vitesse, inquiète les autorités

Une boîte de Petri contenant du Candida auris dans le laboratoire de l’Université de Wuerzburg en Allemagne, le 23 janvier 2018.
Une boîte de Petri contenant du Candida auris dans le laboratoire de l’Université de Wuerzburg en Allemagne, le 23 janvier 2018.

SANTÉ - Alors que le monde se passionne pour la série d’HBO The Last of Us et sa pandémie provoquée par un champignon qui transforme ses hôtes humains en zombies, les autorités de santé américaines alertent sur un autre fongus, bien réel. Selon les Centers for disease control and Prevention (CDC) des États-Unis lundi 20 mars, un champignon parfois mortel et hautement résistant aux médicaments se propage en effet à « un rythme alarmant » dans les établissements de santé américains.

Appelé Candida auris, ce champignon s’est développé de manière inquiétante aux États-Unis ces dernières années. Selon les scientifiques, le Candida auris ne présente pas de risque pour les personnes en bonne santé, mais il peut s’avérer mortel pour les personnes ayant un système immunitaire fragile, chez qui il peut causer des infections dans le sang, le cœur ou le cerveau.

Les patients âgés, ceux sous respirateur, ainsi que ceux atteints de cancer et traités par chimiothérapie sont les plus à risque. Entre 30 et 70 % des personnes hospitalisées qui développent une infection peuvent en mourir, selon une étude publiée dans Medical Mycology.

Selon les données du CDC, le nombre d’infections a triplé aux États-Unis, passant de 476 en 2019, à 1 471 en 2021. Sur la même période, le nombre de personnes porteuses sans être infectées est passé de 1 077 à 4 040. D’après l’autorité de santé, les données préliminaires laissent penser que le nombre d’infections continue d’augmenter à un rythme exponentiel.

Une « grave menace mondiale pour la santé publique »

Alors que la pandémie de Covid-19 a mis en exergue la vulnérabilité du système hospitalier aux États-Unis, l’apparition du Candida auris souligne la nécessité de mettre en place des plans robustes de contrôle des infections à l’hôpital. « Si [le Candida auris] pénètre dans un hôpital, il est très difficile à contrôler (...) et peut provoquer des infections sur une période de temps considérable », souligne William Schaffner, professeur de médecine à la division des maladies infectieuses du Vanderbilt University Medical Center au Washington Post.

D’autant plus que de nombreux fongicides, qu’il s’agisse de médicaments ou de désinfectants de surface, ne marchent pas contre ce champignon. Certaines souches résistent même dans de rares cas à tous les antifongiques disponibles sur le marché. C’est ce qui a poussé le CDC a classé le Candida auris comme une « grave menace mondiale pour la santé publique ».

Le champignon n’a fait son apparition qu’en 2016 aux États-Unis. Depuis, la moitié des États du pays ont enregistré des contaminations, survenues la plupart du temps dans des services hospitaliers réservés aux soins aigus de longue durée et des centres de santé avec des patients sous respirateurs. Le nombre de morts causées par ces infections n’est en revanche pas connu, car le champignon n’est mortel que chez des personnes gravement atteintes et pour qui il est difficile de discerner les causes exactes du décès.

Des humains infectés à cause du réchauffement climatique ?

L’émergence du Candida auris aux États-Unis a suscité beaucoup de questionnements parmi la communauté scientifique. Le champignon, découvert il y a plus de 10 ans en Inde, en Afrique et en Amérique du Sud, ne peut normalement pas survivre dans le corps humain à cause de sa température trop élevée. Mais selon certains chercheurs, le réchauffement climatique lui aurait permis d’évoluer dans un monde de plus en plus chaud.

Difficile de ne pas y voir un parallèle avec le champignon tueur de la série The Last of Us, le cordyceps. Dans la vie réelle, ce champignon peut prendre le contrôle de certains insectes (des fourmis notamment), mais pas des humains, chez qui la température corporelle est trop élevée pour qu’il puisse se développer. Vous pouvez toutefois vous rassurer, le cordyceps n’a pas encore suffisamment évolué pour contaminer l’homme comme dans la série et le Candida auris, lui, « ne transforme pas les gens en zombies », a bien souligné Meghan Lyman, la médecin à l’origine de l’alerte du CDC.

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