États-Unis : les aides à l’Ukraine déchirent le Congrès, et c’est la faute de Donald Trump

Le Capitole, ici le 16 janvier, est complètement déchiré notamment en raison de l’influence de Donald Trump sur les élus républicains.
DREW ANGERER / Getty Images via AFP Le Capitole, ici le 16 janvier, est complètement déchiré notamment en raison de l’influence de Donald Trump sur les élus républicains.

ÉTATS-UNIS - Chaos au Congrès. À neuf mois de l’élection présidentielle américaine, les élus se déchirent autour de l’adoption d’une rallonge financière à l’Ukraine. Ce mercredi 7 février, un projet de loi issu d’un compromis mêlant aides à Kiev et immigration était soumis aux sénateurs. Mais c’était sans compter sur l’influence majeure de Donald Trump, qui a convaincu les républicains de ne pas l’adopter.

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Retour quelques jours en arrière. Une commission bipartisane sénatoriale était enfin parvenue, dimanche et après des mois de discussion, à trouver un compromis que le président Joe Biden avait appelé à adopter « rapidement ». Ce texte prévoyait des aides financières à l’Ukraine (mais aussi à Israël) ainsi qu’un durcissement de la politique migratoire pour convaincre les républicains, de plus en plus frileux à l’idée d’aider Kiev, d’accepter le deal.

Côté immigration, le texte prévoyait notamment de fermer automatiquement la frontière au-dessus d’un certain seuil d’arrivées, et le durcissement des critères pour obtenir l’asile. Les États-Unis sont face depuis quelques mois à une nouvelle vague migratoire et le sujet est devenu une préoccupation majeure à quelques mois des élections.

L’ombre de Donald Trump

En liant immigration et aides à l’Ukraine, dont les États-Unis sont le principal soutien avec plus de 110 milliards déjà débloqués par le Congrès, les sénateurs de la commission avaient ainsi espoir de convaincre les plus réticents. Surtout à la Chambre des Représentants, où les républicains ont la majorité et où une frange de trumpistes faisant bloc mène la vie dure au président. L’accord des deux chambres est nécessaire pour adopter un projet de loi.

Mais ce mercredi, c’est dès le Sénat que le texte a fini sa route. En effet, sous la pression de Donald Trump, qui garde toujours une emprise énorme sur ses troupes au Congrès, la plupart des républicains ont finalement voté contre le texte – même ceux qui le soutenaient initialement.

Pour le milliardaire, pas question de soutenir un projet que Joe Biden présente comme « le plus juste » mais aussi « le plus dur » en matière d’immigration depuis des décennies. Pas question non plus d’adopter un texte démocrate alors que son parti pourrait bientôt revenir au pouvoir et imposer sa vision des choses.

« Un peu de courage »

Dès la veille du vote, Joe Biden avait conscience de la menace. Il avait interpellé les sénateurs républicains et s’en était pris violemment à son prédécesseur. « Donald Trump préfère instrumentaliser cette question (de l’immigration) plutôt que de la résoudre », avait tonné le président démocrate lors d’un discours depuis la Maison Blanche.

« Soutenir ce projet de loi, c’est s’opposer à Poutine. S’y opposer, c’est faire le jeu » du président russe, avait-il encore affirmé, appelant les élus à « montrer un peu de courage » et à s’opposer à la ligne de conduite édictée par Donald Trump. Il n’a pas été entendu, au grand dam du sénateur républicain James Lankford à la tête de la commission qui défendait ce projet de loi.

Le Sénat devait retenter sa chance dans la foulée sur un autre texte, vote finalement repoussé à jeudi. Il s’agit du même projet de loi que le premier, simplement amputé de la réforme migratoire. Mais au vu des forces en présence et l’état des divisions, ses chances d’être adoptées restent minces. Pour le plus grand plaisir de Trump.

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