Qui était Mikaben, la star de la musique haïtienne morte après un malaise sur scène à Paris?

Mikaben dans le clip de
Mikaben dans le clip de

Il était une figure de la jeune scène musicale haïtienne. Le chanteur Michael Benjamin, dit Mikaben, est mort samedi soir à l'âge de 41 ans en plein concert à l'Accor Arena. L'onde de choc et la multiplication des hommages publiés depuis rendent compte de la popularité de cet artiste de compas, genre né en Haïti.

"C'est une grande référence de la musique haïtienne qui vient de s'éteindre. Le pays et la jeunesse haïtienne ont perdu une belle âme", a notamment tweeté dimanche le Premier ministre haïtien, Ariel Henry.

Car Mikaben faisait danser Haïti depuis une vingtaine d'années, en créole comme en anglais, avec des morceaux mêlant pop et sonorités plus traditionnelles et locales, empruntant au dancehall et au zouk.

Né dans une famille d'artistes

Difficile d'imaginer disparition plus brutale: alors qu'il se produisait en tant qu'invité de Carimi, groupe mythique de l'île caribéenne, face à cette salle parisienne pouvant accueillir 20.000 personnes, Mikaben s'est effondré en quittant la scène en plein morceau. Après quelques instants de chaos et d'incertitude, durant lesquels un massage cardiaque lui a été prodigué en coulisses, sa mort a été officiellement annoncée sur Twitter par le rédacteur en chef du Nouvelliste Frantz Duval, présent dans la salle.

Né à Port-au-Prince en 1981, Mikaben était prédestiné à faire carrière dans le divertissement: il est le fils du chanteur haïtien Lionel Benjamin. Après des études à Montréal, il participe au début des années 2000 à un concours de chant populaire, le Christmas Telemax, dont il finit quatrième avec la chanson Nwel Tristes, comme le rapporte le Miami Herald. Le média américain le décrit comme "l'un des musiciens les plus talentueux de sa génération".

En groupe et en solo

Au cours des vingt dernières années, Mikaben a alterné entre projets solo et expériences en groupe. Après deux premiers albums qui lui ont permis de se faire un nom et d'acquérir un public fidèle (Vwayaj et Mika, en 2000 et 2004), il se lance dans l'aventure collégiale avec le groupe Krezi Mizik. Il a également souvent collaboré avec le groupe Carimi, notamment sur les morceaux Baby I Missed You et Fanm sa Move. Il a même temporairement remplacé Mickael Guirand, l'un des membres, en 2015. Son ultime album en son nom, intitulé MKBN, date de 2018.

Mais l'un de ses morceaux les plus emblématiques restera sans doute Ayti Se, sorti en 2012, deux ans après le séisme qui a ébranlé Haïti en faisant 316.000 morts. Toujours d'après le Miami Herald, il avait fondé une association d'aide aux victimes, Ti Souf Ayiti.

Comme le rapporte Voici, Mikaben était père de famille. Il avait eu un premier fils, Gaby, né d'une précédente union avant que son épouse actuelle Vanessa Fanfan donne naissance à une fille, Leïa. Le Monde rapporte qu'elle attend leur deuxième enfant: "Merci pour vos prières, mais s'il-vous-plaît, ne m'appelez pas", a-t-elle écrit sur Instagram.

"Je ne suis pas en état de parler. J'ai perdu ma moitié et je n'ai pas de mots."

Pluie d'hommages

De nombreuses personnalités haïtiennes ont salué la mémoire de Mikaben. Wyclef Jean, ancien membre des Fugees qui a signé le tube planétaire Hips Don't Lie en duo avec Shakira en 2006, a publié une vidéo de lui en compagnie de Mikaben:

"Repose en paix, roi Mikaben", écrit-il en légende.

La chanteuse Tamara Suffren a quant à elle déclaré que Mikaben faisait partie du "patrimoine" d'Haïti et que sa mort était "un coup dur pour le pays".

Article original publié sur BFMTV.com