Il était "comme un membre de la famille": un magicien jugé pour viols et agressions sexuelles sur 27 enfants

Il était "comme un membre de la famille": un magicien jugé pour viols et agressions sexuelles sur 27 enfants

La plus jeune victime avait 3 ans quand les faits se sont produits en janvier 2014. Pour la plus âgée, les agressions et les viols ont duré jusqu'à ses 15 ans. Sébastien C., un homme de 36 ans, a d'abord agressé sexuellement sa sœur et sa cousine, avant de se servir de son activité professionnelle de magicien pour abuser de dizaines d'enfants.

L'homme, incarcéré depuis décembre 2017, est jugé à partir de ce vendredi par la cour d'assises de Rennes pour le viol et l'agression sexuelle de 27 enfants. Il va comparaître pour "viol sur mineur de 15 ans", "viol incestueux", "agression sexuelle sur mineur de 15 ans", "corruption de mineur" et "détention d'images pédopornographiques". La plupart des faits ont été commis en Bretagne, mais aussi en Normandie, dans les Deux-Sèvres et en Suisse.

Une première plainte en 2014

En 2014, la mère d'une petite fille dépose plainte au commissariat de Rennes. Elle raconte que Sébastien C., le magicien qu'elle avait embauché pour animer la fête d'une amie, a abusé de sa petite fille alors âgée de 3 ans. L'homme avait profité de la fête pour s'enfermer avec l'enfant dans la salle de bain. Très tactile pendant la journée selon des témoins, la fillette a raconté à d'autres enfants que l'animateur lui a "touché le sexe".

A cette époque, la fillette est entendue. Elle évoque des douleurs, non pas à son intimité mais au dos. Le médecin de famille établit des certificats médicaux signalant une suspicion d'agression sexuelle. La mère donne la carte professionnelle du magicien. En 2014 pourtant, l'animateur est sous le coup d'une interdiction d'entrer en contact avec des mineurs à la suite d'une condamnation trois ans plus tôt pour atteinte sexuelle.

"Le magistrat à l'époque demande des actes d'enquête et pourtant l'enquête s'arrête là, on ne comprend pas bien pourquoi", s'agace une source proche du dossier. Des questions qui seront posées aux directeurs d'enquête qui viennent déposer ce vendredi devant la cour d'assises.

Des faits commis sur plusieurs années

L'enquête démarre donc vraiment en 2017. Des proches du magicien sont entendus. Averti, Sébastien C. va reconnaître les faits. D'abord à une amie. Ce 17 décembre, il avoue à cette proche, qu'il connaît depuis trois ans, avoir agressé sexuellement plusieurs enfants, pendant 10 ans. Il lui dresse la liste pour qu'elle prévienne les parents. Se disant incapable de maîtriser ses pulsions, l'homme nie toutefois tout acte de viol.

Après ses révélations, il se présente au commissariat. En garde à vue, il admet l'agression de la fillette dont la mère a porté plainte trois ans plus tôt, et avoue son attirance pour les petites filles. Au cours de l'instruction, il donne au magistrat instructeur une liste de neuf noms, neuf victimes supplémentaires.

"L'enquête puis l'instruction vont révéler que Sébastien C. avait commis des faits sur plusieurs années, sur plusieurs victimes, et en plusieurs lieux en France et en Suisse", écrit le juge d'instruction en charge du dossier.

Mode opératoire

L'instruction va surtout établir que Sébastien C. opérait toujours selon le même mode opératoire. Décrit comme "agréable", "gentil", le magicien se rapprochait d'abord des parents - certains évoquent même un "membre de la famille". Grâce à cette proximité, il réussissait à se faire inviter à dormir, au prétexte d'économiser la nuit d'hôtel lorsqu'il venait se produire chez eux.

"C'est quelqu'un de normal, sympathique, intelligent, cultivé", estime une source proche du dossier. "À première vue, on lui donne le bon dieu sans confession. Dans son entourage, tout le monde a été surpris."

Lors des auditions, nombreux sont ceux à noter que l'animateur était plus proche des enfants que des adultes. Sébastien C. reconnaît qu'il tentait de créer des liens avec ses victimes en leur offrant des cadeaux, en les valorisant dans le but de les agresser. Un procédé relevant d'une "personnalité perverse", selon les experts.

Souvent, il donnait son téléphone portable à ses victimes pour les "occuper" pendant qu'il les violait ou qu'il abusait d'elles sexuellement. Il photographiait aussi les parties intimes de ses victimes.

Des victimes présentes

Malgré leur jeune âge, les victimes ont pu décrire les actes dont elles ont été victimes. Pour certaines, toutefois, du fait du mode opératoire, elles n'ont pas perçu immédiatement avoir été victime d'un viol ou d'une agression. Certains enfants ont développé dans les mois suivants une forme de mal-être, des angoisses ou des paniques. Une trentaine de parties civiles ont prévu d'assister au procès qui doit durer deux semaines. "Ma cliente, qui est en classe de 5e aujourd'hui, souhaite assister aux audiences qui la concerne", explique Me Gwendoline Tenier.

Aîné d'une fratrie de trois enfants, Sébastien C. a connu le divorce de ses parents. Sa mère souffrant d'alcoolisme, il a été élevé par son père. Au cours de l'instruction, il a dit avoir été victime de viol lorsqu'il était enfant, lors de vacances avec ses parents dans un camping. Les parties civiles attendent de ce procès que l'accusé s'explique sur son mode opératoire.

Décrit comme présentant des "troubles narcissiques" avec un "besoin impérieux de valorisation", les experts qui l'ont examiné au cours de l'isntruction estiment que ces problèmes sont "l'élément moteur du passage à l'acte".

Déjà condamné

Entendu sept fois par le juge d'instruction au cours de la procédure, il se déclare "pédophile" et ayant une "attirance incontrôlée". En 2011, il avait été condamné pour atteinte sexuelle sur une fillette alors qu'il travaillait dans un centre de loisirs. Il avait écopé de 10 mois de prison avec sursis et trois ans de mise à l'épreuve.

Devant les enquêteurs, il évoque un échec de son suivi après cette condamnation. Selon une source proche du dossier, il s'attend lors d'un procès qu idoit se tenir à huis-clos - la demande a été faite par des parties civiles - aujourd'hui à être sévèrement puni. Pour ces faits, jugés en récidive dans le cadre des agressions sexuelles, il encourt jusqu'à 20 ans de réclusion criminelle.

Article original publié sur BFMTV.com