«Elle était dépourvue de tout narcissisme»

L’un lui a redonné un rôle au côté de sa fille de cinéma, Catherine Deneuve, l’autre a tourné à ses côtés il y a dix ans. Ils racontent la Darrieux, simple et fascinante.

André Téchiné «Une espèce de faux-semblant magnétique»

Le cinéaste a dirigé Danielle Darrieux dans le Lieu du crime sorti en 1986. «J’ai des souvenirs très lointains de films que j’ai vus avec elle lorsque j’étais adolescent, des rôles de femmes à la fois distinguées et conventionnelles. Mais le plus marquant, bien sûr, c’est la scène de la valse dans Madame de… de Max Ophüls, c’est le moment de grâce absolue de l’actrice saisie dans sa liberté, avec cet alliage de frivolité et de tragique proprement époustouflant. Quand je la dirige dans le Lieu du crime, je recompose le duo mère-fille que j’admirais tant - bien entendu - dans les Demoiselles de Rochefort. Deneuve et Darrieux ont pour point commun la vitesse et la légèreté, une espèce de faux-semblant magnétique, un mystère insondable mais sans aucune pesanteur, sans effet. Elle était fascinante devant la caméra, et je n’avais guère besoin de la diriger, mais dès qu’il y avait un temps d’attente, elle devenait invisible, elle disparaissait dans sa loge où elle faisait des réussites ! Elle était vraiment dépourvue de tout narcissisme, ne faisait jamais publicité de ses états d’âme, ce qui est, avouons-le, tout à fait atypique dans le milieu des comédiens. Et puis, retour plateau, «Moteur !» et là, elle s’envolait. Ce pouvait être juste boire un verre, ou fumer une cigarette, vous ne savez pas à quoi cela est dû mais la moindre gestuelle a une portée magique. Deneuve a ce don elle aussi et l’une et l’autre sont des actrices qui me fascinent et que j’avais envie de regarder. Après le tournage, je l’ai revue un soir, elle jouait dans une pièce de boulevard avec Dominique Lavanant et nous avons dîné après la représentation. C’était l’été, elle portait des sandales et traînait des pieds [rires]. C’est un détail, mais elle avait cette espèce de naturel (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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