Éric Zemmour comparé à OSS 117 après une sortie sur l’inéligibilité des personnes condamnées pour racisme

Les sénateurs communistes ont déposé une proposition de résolution pour rendre inéligibles les personnes condamnées pour racisme et antisémitisme. Directement concerné, Éric Zemmour n’a pas apprécié.

Il aurait presque pu évoquer les « chapeaux gris et les chaussures à fermeture Éclair ». La proposition des sénateurs communistes de rendre inéligibles les personnes condamnées pour racisme a fortement déplu à Éric Zemmour, ex-candidat à la présidentielle concerné au premier chef au vu de son palmarès judiciaire. Alors pour formuler son mécontentement, il a utilisé une formule dont le sénateur communiste de Paris Ian Brossat lui a habilement fait remarquer qu’elle aurait pu être prononcée par OSS 117, l’agent secret simplet rendu culte par l’interprétation de Jean Dujardin.

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Mercredi 15 novembre, les sénateurs du groupe Communiste, Républicain, Citoyen et Écologiste - Kanaky (CRCE-K) ont déposé une proposition de résolution visant à « lutter contre la banalisation des discours de haine dans le débat public ». Son but est de « nettoyer le débat politique (...) pollué par des propos racistes ou antisémites » en systématisant la peine d’inéligibilité pour toute personne condamnée pour ces faits, explique Ian Brossat dans une vidéo mise en ligne ce vendredi 17.

Avec cette proposition, les communistes ciblent tout particulièrement Éric Zemmour, condamné en 2011 et en 2022 pour provocation à la discrimination et toujours sous le coup de plusieurs procédures. « Zemmour par-ci, Zemmour par-là… Ras le bol d’entendre matin, midi et soir sa bile raciste et antisémite », tacle le sénateur du PC.

Zemmour tacle une « dictature communiste »

Sans surprise, Éric Zemmour n’a que très peu apprécié la remarque. « Une dictature, c’est quand les gens sont communistes », a ainsi répondu à Ian Brossat le président de parti Reconquête, citant une réplique phare d’OSS 117 dans le second volet de l’adaptation de Michel Hazanavicius, Rio ne répond plus.

Pas de quoi déstabiliser Ian Brossat, qui a répliqué sur le même ton avec un « OK OSS 117 ». Une comparaison peu flatteuse avec le héros du film, caricature d’espion français des années 1960, bouffi de certitudes et ignare au possible.

Pour rappel, les propos racistes, antisémites et xénophobes sont des délits qui tombent sous le coup de la loi Gayssot de 1990. La législation prévoit une peine d’emprisonnement et une amende pour les contrevenants. Mais la peine d’inéligibilité reste à la discrétion du juge et n’est appliquée que rarement. Un dernier point que les sénateurs communistes souhaitent faire évoluer.

« Être élu est un honneur et une responsabilité. Il est normal qu’un mandat s’accompagne d’un certain nombre de règles et de devoirs. (...) Une personne condamnée pour incitation à la haine ne peut pas prétendre incarner la fonction élective », écrivent Ian Brossat et la présidente du groupe CRCE-K, Cécile Cukierman, dans un communiqué.

En 2017, la censure du Conseil constitutionnel

Ce n’est pas la première fois que les communistes tentent de renforcer la peine d’inéligibilité dans le cadre de condamnation pour incitation à la haine. Pendant la campagne présidentielle de 2022, le candidat du PCF Fabien Roussel défendait déjà une mesure similaire.

Avant lui, en 2017, l’Assemblée nationale avait adopté un amendement allant en ce sens. Mais la disposition avait été censurée par le Conseil Constitutionnel, comme le racontent nos confrères de CheckNews, estimant que l’automatisme de la sanction était « disproportionné » par rapport aux faits commis.

Un écueil que les communistes entendent éviter cette fois-ci grâce à leur proposition de résolution, moins contraignante qu’une proposition de loi, et qui invite simplement « le gouvernement (...) à préciser (…) aux juridictions compétentes les conditions d’application de loi (...) et d’examiner la possibilité de requérir et de retenir la peine complémentaire d’inéligibilité », selon la formulation retenue dans le texte que L’Humanité a pu consulter.

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