Éric Coquerel président de la commission des finances? Le RN et ses soutiens agitent le chiffon rouge

Éric Coquerel président de la commission des finances? Le RN et ses soutiens agitent le chiffon rouge

"Ce qu'il y a de pire à la France Insoumise", "la haine des entreprises", "l'ultra-gauche radicale"... À quelques heures de l'élection de la tête de la plus puissante et stratégique des commissions permanentes de l'Assemblée nationale qui doit revenir à l'opposition, le duel entre LFI et RN se resserre.

Ce jeudi matin, dans les matinales, le RN et ses soutiens tirent à boulets rouges sur le candidat de la Nupes, Éric Coquerel et font des appels du pied appuyés aux Républicains pour qu'ils soutiennent leur poulain, Jean-Philippe Tanguy.

"Ses idées sont un danger pour la République", affirme ce jeudi le porte-parole du RN, Laurent Jacobelli au sujet de l'insoumis.

Coquerel le Rouge

Les qualificatifs et les caricatures se multiplient. Sur Public Sénat, Laurent Jacobelli a ainsi dressé un portrait au vitriol de l'ancien coordinateur du Parti de gauche. Dans l'espoir de faire frissonner d'horreur la droite.

"Éric Coquerel, c’est l’ultra gauche radicale, la haine des entreprises, le matraquage fiscal et la volonté de faire une inquisition sur ce que possède tout un chacun", a-t-il martelé sur la chaîne parlementaire.

Invité de CNews en parallèle, Robert Ménard, soutien de Marine Le Pen, suit la même stratégie. Il dépeint l'élu de Seine-Saint-Denis comme un concentré de "ce qu'il y a de pire à la France Insoumise".

"C'est quelqu'un qui déteste la police, qui fréquente les islamistes, qui demain, quoiqu'il en dise, ne se gênera pas pour aller voir les revenus fiscaux ou combien paye d'impôts telle ou telle personnalité", cingle le maire de Béziers.

La veille sur franceinfo, la candidate malheureuse de "la droite nationale" à la présidentielle comme elle aime désigner son parti, n'a pas hésité en revanche à qualifier l'insoumis d'"extrême gauche la plus radicale".

Créer un sursaut chez les LR

Le but ultime de cette manœuvre: récupérer le vote des Républicains dans quelques heures en cas de second tour quasiment certain entre la Nupes et le RN.

S'adressant hier sur la chaîne publique aux 68 élus membres du groupe LR, Marine Le Pen les a prévenus: en s'abstenant ou en conservant leur candidate en embuscade, Véronique Louwagie, "ils feraient élire un candidat de La France insoumise et ils en assumeront la responsabilité".

"Si j’étais dans la situation de LR, si j’avais le choix (…) je n’hésiterais pas une demi-seconde à élire le président de la commission LR", a-t-elle titillé en prévision des élections des autres présidents de commission.

"Une partie de la droite préférerait Éric Coquerel à Jean-Philippe Tanguy?", interroge ce matin Robert Ménard mimant l'incrédulité. "Je ne suis pas d'accord avec tout ce que dit Jean-Philippe Tanguy", ajoute-t-il, mais de là "à les renvoyer dos-à-dos..." tente encore de convaincre le maire de Béziers.

"Le résultat est entre les mains des députés Républicains", a conclu hier la tête du parti, en guise d'avertissement.

"Nous on veut en faire quelque chose"

Chez LFI, on répond aux caricatures du RN par un procès en incompétence: "C'est un poste avec des leviers politiques très importants, mais visiblement le RN ne veut rien en faire, je ne sais pas pourquoi ils sont candidats", dénonce-t-on.

"Nous on veut en faire quelque chose: des investigations sur le secret fiscal de certaines multinationales qui s'en mettent plein les poches par exemple", défend Clémence Guetté sur franceinfo ce jeudi matin, responsable de programme de Jean-Luc Mélenchon.

"Éric Coquerel a d'autres objectifs politiques (que le candidat RN, NDLR) ça c'est sûr!", a-t-elle ajouté.

Embarras et vote secret

Les Républicains ne cachent pas leur embarras. Après avoir trouvé d'abord normal que la présidence de la commission des finances revienne à la plus grosse opposition, selon la coutume, le président du Sénat Gérard Larcher a adouci son discours. Mercredi sur LCI, il a expliqué ne pas souhaiter que des députés de son camp soutiennent le RN.

Les élus de droite appellent surtout à voter pour leur candidate Véronique Louwagie, une personnalité "respectée", dit son collègue Philippe Gosselin, député LR de la Manche, qui en vient même à "souhaiter que la majorité prenne part au scrutin pour éviter ce duel extrême".

Mais les macronistes ont assuré qu'ils respecteraient la "tradition" en s'abstenant, afin de laisser les oppositions s'organiser entre elles. Le vote à bulletin secret qui se déroule en fin de matinée promet d'être explosif, si l'on en juge en tout cas par ses coulisses.

Article original publié sur BFMTV.com