Éric Ciotti élu président du parti Les Républicains avec 53,7% des voix face à Bruno Retailleau
Le voilà président du parti les Républicains (LR). À l'issue du second tour du congrès de la formation de droite, les militants ont choisi Éric Ciotti. Le député des Alpes-Maritimes devance Bruno Retailleau (46,3%) et récolte 53,7% des suffrages.
"Nous avons gagné! Merci aux militants pour cette formidable confiance! Félicitations à Bruno Retailleau et Aurelien Pradié pour leur campagne courageuse, autour de convictions fortes. Tout commence aujourd’hui. Dans l’unité et la clarté, nous allons redresser la droite!", a-t-il écrit sur Twitter quelques minutes.
Ce résultat n'est pas une surprise pour l'élu sudiste qui s'avançait comme le favori de ce scrutin. Pour autant, rien n'était fait le week-end dernier après un premier tour où il avait déjà devancé Bruno Retailleau (34,45%), avec 42,73% des voix, sans pour autant s'assurer une victoire certaine la semaine suivante. "Tout est jouable", martelait ainsi le chef des sénateurs LR, soulignant alors que "seulement un peu plus de 5000 voix [le] sépar[aient] du score d'Éric Ciotti".
Un entre-deux tour animé
Les deux impétrants s'étaient ensuite échangé quelques coups dans un entre-deux tour éclair, dont l'enjeu principal était de récupérer au mieux les votes glanés par Aurélien Pradié, arrivé troisième (22,9%) lors de la première échéance du congrès.
D'un côté, les ciottistes insistaient sur le soutien de Xavier Bertrand à Bruno Retailleau après l'élimination du député du Lot, jugeant que le président des Hauts-de-France pouvait rebuter quelques militants. Certains gardent encore au travers de la gorge le fait que le président des Hauts-de-France a quitté le parti après l'élection de Laurent Wauquiez à la tête de LR en 2017, avant de reprendre sa carte en 2021 avant la désignation du candidat de la droite pour la présidentielle.
En face l'écurie Retailleau n'était pas en reste. Après une enquête de Libération mettant au jour des pratiques douteuses sur des adhésions à LR dans deux villes des Alpes-Maritimes, le sénateur avait saisi la haute-autorité de LR le 8 décembre dernier, estimant que les révélations de ce journal pouvaient "jeter de nouveau la suspicion sur la fiabilité de notre système de votation interne".
Pas de consignes de vote pour Aurélien Pradié mais des indices
L'ancien du Mouvement pour la France (MPF) avait également appuyé sur sa carte de candidat de la "rupture", en cognant de nouveau sur Nicolas Sarkozy, fondateur de LR et favorable à une alliance de sa formation avec la majorité présidentielle. "Il y a clairement une entreprise de déstabilisation de la droite par Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron", lâchait-il au lendemain du premier tour du congrès dans les colonnes du Parisien. Une façon aussi de s'afficher sur une posture de "renouvellement", et de se comparer ainsi à Aurélien Pradié.
Le troisième larron de cette élection a ,lui, joué aux arlésiennes, se réjouissant malicieusement de "l'amour" qu'il recevait de la part d'Éric Ciotti et Bruno Retailleau sans, finalement donner de consignes de vote.
L'homme de 36 ans a néanmoins laissé quelques indices en faveur du leader du 06 dans une lettre aux deux finalistes. En soutenant par exemple "qu'il faut défendre de toutes ses forces", la loi Veil, alors même que lui et Éric Ciotti étaient favorables à la constitutionnalisation des principes de ce texte, contrairement à Bruno Retailleau. Dans une allusion encore plus limpide, il indiquait que, selon lui, "le futur président des Républicains", ne "devra pas cumuler ses fonctions avec la présidence d'un groupe parlementaire".
Relever un parti très affaibli
Surtout, les principaux partisans du député du Lot avaient indiqué leur volonté de voter pour Éric Ciotti au second tour. En plus de cela, le Niçois a pu bénéficier de soutiens importants dans cet entre-deux tours, tels que ceux de François Baroin ou Christian Jacob.
Pour lui, cette victoire a un goût de revanche. En 2021, il était arrivé premier du congrès LR, destiné à désigner le candidat du parti à la présidentielle avant de perdre assez largement face à Valérie Pécresse, la présidente de la région Île-de-France récoltant alors 61% des voix et lui 39%. Cette dernière avait bénéficié d'un front "tout sauf Ciotti" et des consignes de vote des candidats éliminés.
Cette situation ne s'est pas reproduite sous l'égide de Bruno Retailleau. Entre-temps, la bérézina historique de LR à l'élection présidentielle est passée par là. Éric Ciotti a pu en tirer profit pour réaffirmer sa ligne très droitière. Longtemps porte-flingue, il se retrouve désormais en pleine lumière, aux commandes de la rue de Vaugirard. Néanmoins, la tâche sera rude. Il lui faudra relever un parti tout juste sorti d'une bérézina historique à la dernière présidentielle et qui peine à trouver sa place entre la macronie et l'extrême droite.