Équateur : la déclaration de guerre contre les gangs n’est pas la solution

Face aux mesures de lutte contre la criminalité décidées par le nouveau gouvernement équatorien, les gangs ont déclenché une vague de violence. Les autorités ont choisi de riposter militairement, mais ne semblent pas avoir de stratégie de sortie du conflit.

Le 9 janvier, le président [libéral] Daniel Noboa a déclaré “l’état de conflit intérieur” après les émeutes provoquées par les bandes organisées dans les prisons, les attaques contre les forces de l’ordre et une descente sur un plateau de télévision pendant la diffusion d’un journal télévisé.

Le président a qualifié d’“organisations terroristes” les 22 bandes criminelles. Il a ordonné à l’armée et à la police de se mobiliser et de les “neutraliser”. L’escalade de la violence des gangs, dirigée tant contre des civils que contre les forces de l’ordre, semble coordonnée : elle s’est produite après que le président a pris des mesures répressives en réaction à l’évasion d’un important chef mafieux emprisonné.

Adolfo Macías, alias Fito, fondateur et chef condamné des Choneros [ainsi nommés parce qu’ils sont originaires de Chone, ville de la province de Manabí], a disparu de la cellule où il était détenu dans la ville portuaire de Guayaquil, le 7 janvier, alors qu’il devait être transféré dans une prison de haute sécurité. Le lendemain, le gouvernement Noboa confirmait la fuite de Fito. Le président a alors déclaré l’état d’urgence et mobilisé des milliers de soldats pour prendre en chasse le chef des Choneros.

Cette rapide escalade du conflit entre le gouvernement et les bandes organisées représente la première crise de sécurité pour Noboa, 36 ans, investi le 23 novembre 2023.

Un pas supplémentaire

Ce n’est pas la première fois qu’un président équatorien proclame l’état d’urgence, en particulier ces dernières années. Parallèlement, les gangs mafieux se sont renforcés grâce au trafic de drogue, ont pris le contrôle des prisons, corrompu les institutions, diversifié leurs activités criminelles. Mais c’est la première fois dans l’histoire du pays qu’un président évoque l’existence d’un conflit armé avec les gangs dans sa proclamation de “l’état de conflit intérieur”, un pas supplémentaire par rapport à l’état d’urgence [Les “terroristes” sont désormais des “objectifs militaires”, a explicité le ministre de la Défense].

[...] Lire la suite sur Courrier international

Sur le même sujet :