Équateur: un candidat à la présidentielle tué par balles lors d'un meeting électoral

Il était l'un des huit candidats de la présidentielle en Equateur prévue le 20 août, et a été assassiné lors d'un meeting. Le candidat Fernando Villavicencio, deuxième dans les sondages, a été assassiné par balle mercredi soir à Quito, a annoncé le président équatorien Guillermo Lasso. L'état d'urgence a été déclaré ce jeudi dans le pays pour 60 jours.

Si certains candidats ont annoncé la suspension de leur campagne - Luisa Gonzalez, le leader indigène de gauche Yaku Perez (troisième dans les sondages avec 12,5% des intentions de vote), l'ancien vice-président de droite Otto Sonnenholzner et Jan Topic-, la date des élections est quant à elle maintenue.

"Les forces armées sont en ce moment mobilisées à travers tout le territoire national afin de garantir la sécurité des citoyens, la tranquilité du pays et des élections libres et démocratiques le 20 août", a déclaré le président équatorien dans une allocution diffusée sur YouTube.

Fernando Villavicencio se classait deuxième en intentions de vote au premier tour de la présidentielle avec environ 13%, selon les derniers sondages de l'institut Cedatos, derrière l'avocate Luisa Gonzalez (26,6%), proche de l'ex-président de gauche Rafael Correa.

De récentes menaces

La semaine précédente, Fernando Villavicencio avait fait état de menaces contre lui et son équipe de campagne, prétendument adressées par le chef d'une bande criminelle liée au narcotrafic actuellement en prison.

"Malgré les nouvelles menaces, nous continuerons de lutter pour les braves gens de notre #Equateur", avait alors écrit l'ex-député sur X, nouveau nom du réseau social Twitter, précisant avoir reçu une "menace gravissime" de "alias Fito", leader de la bande "Los Choneros".

"Je suis indigné et choqué par l'assassinat du candidat à la présidence Fernando Villavicencio", a écrit le président Guillermo Lasso sur X. "Je vous assure que ce crime ne restera pas impuni", a-t-il promis. "Le crime organisé est allé très loin, mais tout le poids de la loi s'abattra sur lui."

Le Président a convoqué en urgence dans la soirée une réunion des hauts responsables de la sécurité et d'institutions publiques telles que la Cour nationale de justice (CNJ), plus haute juridiction du pays.

"Je suis vraiment blessé et très préoccupé pour l'Equateur", a exprimé le président de la CNJ, Ivan Saquicela. Ces dernières années, l'Equateur est confronté à une vague de violence liée au trafic de drogue qui, en plein processus électoral, a déjà entraîné la mort d'un maire et d'un candidat au Parlement.

En amont des élections locales de février, deux candidats au poste de maire avaient été assassinés. Le nombre d'homicides pour 100.000 habitants s'est établi à 25 en 2022 dans le pays, presque le double par rapport à 2021.

Assassiné "selon la méthode des tueurs à gages"

Le principal journal local, El Universo, a affirmé que Fernando Villavicencio avait été assassiné "selon la méthode des sicarios (tueurs à gages), avec trois balles dans la tête". Le médecin Carlos Figueroa, un ami de la victime présent sur les lieux au moment de l'assassinat, a indiqué à la presse qu'il avait entendu une trentaine de coups de feu.

"Ils lui ont tendu une embuscade à l'extérieur" de la salle où il tenait son meeting, a expliqué Carlos Figueroa. "Certains (des témoins) ont cru à des feux d'artifice". La police a fait sauter un engin explosif qui avait été posé dans la zone de l'attentat, a dit Alain Luna, responsable des investigations des forces de sécurité.

Quand il était le président de la commission en charge de la Fiscalité à l'Assemblée dissoute par le président Guillermo Lasso en mai, Fernando Villavicencio dénonçait régulièrement des cas de corruption, comme il en avait l'habitude au cours de sa carrière de journaliste. Il a notamment contribué, dans une enquête journalistique, à mettre au jour un vaste réseau de corruption impliquant l'ex-président Rafael Correa (2007-2017) qui a été condamné par contumace à huit ans de prison. Ce dernier est réfugié en Belgique.

Article original publié sur BFMTV.com