Émue, la presse belge salue “Opex”, l’album posthume d’Arno

“Ceux qui regardent la mort en face rassemblent leurs proches autour de leur lit. Arno, lui, a préféré les rassembler un peu plus tôt dans un studio.” C’est avec émotion que les journaux belges, à l’instar de De Morgen, ont découvert Opex, l’ultime album du chanteur ostendais mort en avril dernier, “son dernier fait d’armes”. Un testament paru ce 30 septembre, où l’on peut donc entendre le saxophone du frère d’Arno Hintjens, Peter, et les beats de son plus jeune fils, Felix. Est aussi convoqué le souvenir de son grand-père Charles, qui a inspiré l’un des titres.

Dès la première chanson, La Vérité, le journal flamand est pris aux tripes : “Sa voix est nettement affaiblie, plus rauque que jamais. La musique lui donnait certes le courage d’affronter son cancer en phase terminale, mais en l’entendant livrer presque littéralement son dernier souffle dans ce morceau, on a le cœur qui saigne.”

Il y a aussi Take me back, où il supplie une femme de lui revenir, One night with you, une reprise d’Elvis Presley qui a marqué son enfance, liste De Standaard. Et Boulettes, où il dégaine ce “vocabulaire scabreux qui était son folklore, avec lequel il aimait tant provoquer”.

“On retrouve tout Arno sur ce disque chanté en français comme en anglais, ajoute Le Soir : son humour potache (Boulettes), sa rage électrique, son blues, sa tendresse, sa poésie.” Et, évoquant la force des derniers albums que nous ont respectivement laissés David Bowie et Alain Bashung, le journal francophone poursuit :

“Arno a vraiment réussi ici son ‘Blackstar’, son ‘Bleu pétrole’. Un disque dont il peut être fier là où il est… ”

Noblesse oblige

De Standaard évoque longuement les derniers mois d’Arno quand, se sachant condamné par un cancer du pancréas, il a lutté pour boucler encore un album et deux concerts, à Ostende et à l’Ancienne Belgique, à Bruxelles. “Tomber et se relever, il avançait désormais à ce rythme.”

À l’occasion de la sortie d’Opex, le journal flamand de référence raconte aussi comment s’est tenue la dernière interview que leur accordée le chanteur, son ultime rencontre avec la presse. “Il vit alors ses dernières semaines, et il le sait. On devait se voir deux jours plus tôt au studio, mais il n’en a pas eu la force, raconte le journaliste. Alors il m’a proposé de le rejoindre à son appartement, rue Dansaert [dans le centre de Bruxelles]. Il salue avec difficulté, son corps amaigri ne trouve aucune posture qui ne soit douloureuse. Mais il demande quand même, noblesse oblige*, si je veux boire quelque chose.”

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