Les émissions “hallucinantes” de méthane du Turkménistan

En 2022, le Turkménistan a relâché près de 4,4 millions de tonnes de méthane dans l’atmosphère. Grâce à une étude commandée par The Guardian à Kayrros, une start-up spécialisée dans l’acquisition et le traitement d’images satellitaires, on sait précisément que ces émissions proviennent de deux champs d’hydrocarbures situés à l’est de la ville d’Hazar dans l’ouest du pays. Des émissions, issues de fuites maîtrisées ou non, qualifiées d’“hallucinantes”, relaie le quotidien britannique, et qui sont “équivalentes [pour ce qui est de l’effet de serre] à la libération dans l’atmosphère de 366 millions de tonnes de CO₂, soit plus que les émissions annuelles du Royaume-Uni”.

Auparavant, les producteurs de gaz avaient recours au torchage qui consiste à brûler le surplus de gaz extrait des profondeurs. Avec pour conséquence un relargage de CO₂ dans l’atmosphère facilement repérable de l’espace grâce aux satellites. Une technique peu à peu abandonnée au profit d’une autre : la mise à l’évent. Celle-ci consiste simplement à relarguer du gaz, en l’occurrence du méthane, dans l’atmosphère. Ce qui était jusqu’à récemment imperceptible, même en utilisant des outils d’observation sophistiqués.

Un superémetteur “exaspérant”

Antoine Rostand, président de Kayrros, déclare au Guardian :

“Le méthane est responsable de la moitié du réchauffement climatique à court terme et n’a absolument pas été géré jusqu’à maintenant, il est totalement hors de contrôle. […] Nous savons où se trouvent les gros émetteurs. Nous avons simplement besoin que les décideurs politiques et les investisseurs fassent leur travail.”

Sur la période 2019-2022, les données satellitaires exploitées par Kayrros ont permis de détecter 840 événements dits “de superémission”, issus de fuites de puits, de sites de stockage ou de conduites, sur le territoire du Turkménistan. La plupart proviennent d’infrastructures détenues par la compagnie étatique Turkmenoil. Le reste est issu d’installations offshore en mer Caspienne.

Une étude publiée en 2022 dans la revue Environmental Science and Technology a même révélé que le Turkménistan, et plus particulièrement la côte Caspienne, était “l’une des plus grandes zones d’émission de méthane au monde”, lit-on dans le Guardian. Selon des sources contactées par le quotidien britannique, le manque d’action du pays d’Asie centrale est “exaspérant”. Pourtant la réduction de ces émissions représente “une grande opportunité” pour le Turkménistan. S’il modernisait ses équipements datant de l’ère soviétique, il pourrait devenir “le plus gros réducteur [d’émissions] de méthane au monde”.

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